L'annulation d'une soirée, programmée dans le cadre du festival de la chanson et de la danse naïlies, dans la soirée de dimanche à lundi, à 21h30, à Messaad, dans la wilaya de Djelfa, a mis le feu aux poudres. Les organisateurs du festival n'ont pas daigné fournir d'explications aux nombreux jeunes présents. Bien que circulent deux thèses : la première soutient que les artistes se sont retirés pour on ne sait quelle raison, et la seconde, qu'ils ne sont jamais arrivés ! En tout cas, il s'agit d'une fête d'un instant, qui aurait pu emplir les cœurs, fédérer les esprits et favoriser la cohésion sociale. Du coup, et sans crier gare, une marée humaine, constituée de près d'un millier de jeunes de cette paisible localité, s'est déversée dans les rues, saccageant ce qui pouvait faire obstacle à son avancée spectaculaire, comparable à une divagation laissant agir au hasard de la colère. Sa première cible fut le lieu même où ces jeunes et moins jeunes étaient censés vivre quelques instants de joie dans une ambiance de convivialité, en l'occurrence la maison de la culture Tahar Belaàkak où presque tout a été détruit en guise de « représailles » ! Ensuite, ce fut au tour de la station d'essence du quartier kabr essahabi, appartenant à un privé, de subir de gros dommages. Enfin, des automobilistes qui passaient « accidentellement » aux environs de la progression de la foule, exactement au niveau du rond-point, devant le lycée, ont, eux aussi, essuyé sur leur passage de grosses pierres à l'origine de lourds préjudices matériels, à savoir des vitres et pare-brise réduits en miettes. C'est à ce moment-là et à cet endroit que les forces anti-émeutes ont décidé d'intervenir pour donner la réplique à ces jeunes. Cela, après l'échec du P/APC, qui a tenté, de concert avec le chef de la police, de ramener tout le monde à de meilleurs sentiments. Une lutte serrée s'est engagée durant de longs instants pour finir hier à 1h30 du matin, avec un repli de l'attroupement puis une dispersion de la foule à travers les nombreuses ruelles étroites et anguleuses de ce gros village. Le bilan est plutôt lourd du côté des forces de l'ordre, puisque les informations en notre possession avancent huit éléments blessés, néanmoins sans gravité, alors que les jeunes antagonistes s'en sont sortis sans la moindre égratignure. On signale également une quinzaine d'arrestations du côté des frondeurs qui, selon une source informée, vont être incessamment traduits devant la justice. Pour le moins, il est tout de même curieux qu'une pareille protesta se produise presque systématiquement après le récent discours du président de la République qui, pour rappel, avait mis en garde contre un soulèvement massif des jeunes si, avait-il dit, l'on ne prend pas assez au sérieux les tourments qu'ils vivent ! C'est là, peut-être, un repère à ne pas négliger.