Quelque 200 chefs d'entreprise ont répondu hier à l'invitation lancée par le wali pour une rencontre dont le but était de reconquérir la confiance de ceux que le chef de l'Exécutif a nommé « les partenaires de la wilaya ». Le fossé est en effet creusé entre l'administration locale et les entrepreneurs. De nombreuses raisons sont à noter. Les lenteurs dans les procédures, notamment le paiement des situations dont certaines, jusqu'à plusieurs années de retard, ont mené à la ruine des créanciers de la wilaya. Le favoritisme, pratiqué par des directeurs de l'Exécutif dans l'octroi de marchés, est une autre raison de la défiance des entrepreneurs qui n'ont cependant pas fait allusion à ce dont ils se plaignent en permanence, l'extorsion de fonds par des fonctionnaires corrompus qui abusent des positions qu'ils occupent dans la chaîne des procédures et formalités qui jalonnent l'octroi, l'exécution et le paiement des marchés publics. Et gare à ceux qui ne se plient pas aux règles imposées ou qui brisent l'omerta. Ils sont placés sur « la liste noire » celle qui exclut systématiquement et définitivement de la compétition aux marchés. « Tu ne travailleras plus avec moi », aurait répondu un directeur de l'Exécutif à un entrepreneur qui aurait eu l'audace de se plaindre en adressant une lettre à l'ex-wali par intérim. « Il n'y a plus de liste noire », promet le nouveau wali d'El Tarf. « Dorénavant, le comité des marchés se réunira deux fois par semaine et tous les dossiers en suspens seront régularisés, car il y a suffisamment d'argent pour honorer les arriérés. Je vais donner un coup d'accélérateur aux procédures », a ajouté le wali. En effet, le problème est bien ces embûches bureaucratiques mises en avant délibérément pour contraindre les entrepreneurs à passer à la caisse. Par ailleurs, les représentants des trois associations patronales qui fédèrent les chefs d'entreprise à El Tarf n'ont pas, en prenant la parole, permis de connaître le nombre d'entreprises qui travaillent dans la wilaya, ou encore de chiffrer le volume de leur contribution aux projets de développement. Ils ont fait dans la louange ou pris le relais du discours de l'administration. La crise des matériaux de construction avec le ciment toujours autour des 400 DA à El Tarf, le prix du mètre carré bâti, la nature des contrats et conventions, etc., n'ont pas fait l'objet de leurs préoccupations. Une maladresse du wali peut-être, car en demandant dès la première rencontre de contribuer par une participation financière à la solidarité pour la rentrée scolaire et le mois de Ramadhan, les entrepreneurs ont compris que c'est encore à leur poche qu'on fait appel.