Hier matin, se basant sur un communiqué de l'afficheur français J.-C. Decaux, groupe spécialisé dans la publicité et le mobilier urbain, l'agence Reuters annonçait que celui-ci avait emporté le marché relatif à l'avis d'appel d'offres portant sur « l'ensemble des terminaux de l'aéroport et des espaces extérieurs ». Il est à noter qu'aucun communiqué n'a émané de la partie algérienne. Le porte-parole du groupe n'a pas souhaité indiquer le montant du contrat. Cependant, le titre du groupe à la Bourse de Paris, dans un climat général de morosité, gagnait 3,57% à 15,06 euros, alors qu'il était en recul de 44% depuis le début de l'année. Il serait exagéré d'y voir une conséquence de l'obtention du marché de l'aéroport d'Alger, le groupe étant le numéro deux mondial de la communication extérieure et le numéro un sur les marchés d'Europe et dans la zone Asie-Pacifique avec un chiffre d'affaires 2007 de près de 2107 millions d'euros. De plus, J.-C. Decaux est le leader mondial de la publicité dans les aéroports avec 141 aéroports relevant de son réseau. Mais il n'est pas exclu que cette annonce ait contribué de manière marginale à entraîner un effet positif sur l'image du groupe et son dynamisme, qui se déploie dans d'innombrables directions. Au-delà de sa consistance financière, le marché de l'aéroport d'Alger vaut aussi en termes de positionnement commercial et peut être considéré comme une tête de pont vers le marché global de l'affichage en Algérie, en pleine extension, sur lequel J.-C. Decaux lorgne depuis longtemps. Les sociétés privées d'affichage en place à Alger perdent déjà les abords de l'aéroport, particulièrement juteux en raison du trafic important qui surévalue la location des espaces et gagnent de sérieuses raisons de s'inquiéter. Il est à espérer que les espaces intérieurs ne seront pas surchargés de publicités, dans un aéroport qui se distingue déjà par son caractère impersonnel. Il est regrettable d'ailleurs, alors que tous les aéroports internationaux du monde font l'objet d'études de design intérieur intégrant des productions artistiques, que celui d'Alger demeure d'une froideur qui ne doit rien à la climatisation. Les ressources supplémentaires qui seront engrangées par l'aéroport d'Alger avec un traitement professionnel des espaces publicitaires – le groupe J.-C. Decaux étant connu pour la qualité de ses interventions – ne régleront pas le grave problème d'identité de cette infrastructure, qui est une vitrine du pays. Les dirigeants de l'entreprise de gestion de l'aéroport, qui ont eu le mérite de résister jusque-là aux nombreuses propositions d'apposition de panneaux de céramique, aussi mièvres et folkloriques que ceux qui accompagnent certains des ouvrages d'art d'Alger, souvent des copies maladroites de gravures coloniales, devraient se pencher sur cette question et faire appel aux designers algériens dont certains, cotés mondialement, font les beaux jours d'autres pays. Avant d'être une vitrine publicitaire, un aéroport est la vitrine d'un pays.