Le regroupement d'afficheurs algériens a dénoncé, hier, lors d'une conférence de presse animée à l'hôtel Hilton, certaines irrégularités dans la passation du marché de mobilier urbain au niveau d'Alger. Le cahier des charges élaboré par les services de la wilaya comporte, selon M. Benblidia, directeur général de la société A Plus, plusieurs zones d'ombre et va à l'encontre de la réglementation actuelle, notamment l'ordonnance présidentielle 03-2002 portant code des marchés publics. Il s'interroge : “Pourquoi faire un appel d'offres si le fournisseur est imposé d'office jusqu'à intégrer la photo, la marque et la référence du modèle dans le cahier des charges ? Et comment peut-il manipuler tout un secteur de l'affichage publicitaire et provoquer la cessation d'activité pour plus de 20 sociétés algériennes nourrissant plus de 300 familles ?” Pis encore, il s'est indigné : “Comment la wilaya d'Alger peut-elle confier un marché de 30 millions d'euros, soit l'équivalent de 300 millions de DA, à une société qui n'a ni siège ni adresse en Algérie ?” Il s'agit, selon lui, de la société italienne La Firma, qui s'est allié avec l'entreprise privée Régi7. Ces afficheurs ont estimé que “le marché du mobilier urbain d'Alger est surestimé, et aucun afficheur ne pourra investir une telle somme, les obligeant à multiplier leur prix de vente par 5 pour pouvoir amortir leur investissement”. Pour M. Benblidia, “le cahier des charges comporte des procédures bureaucratiques très compliquées et impose des règles techniques impraticables puisque les normes internationales ne sont pas mentionnées”. Il a précisé, par ailleurs, que “la mise en place d'une réglementation pour l'affichage au niveau de la wilaya d'Alger est une très bonne initiative, mais la mise en adjudication des espaces publicitaires contre le mobilier urbain est une catastrophe”. Les emplacements publicitaires ont été déterminés, selon Mme Benblidia, d'une façon anarchique car les espaces appartenant à des privés et à des copropriétaires conventionnés avec les afficheurs non spécialisés dans le mobilier urbain sont mis en adjudication. Ces afficheurs sont interdits, dira-t-elle, de soumissionner parce qu'ils n'ont pas participé à la foire du mobilier urbain organisée en mai 2005 par la wilaya d'Alger. La majorité des produits sélectionnés par le cahier des charges ne figurait pas dans cette foire, et aucun produit local n'a été retenu sauf pour des zones où la fréquentation humaine balance entre le vandalisme et le néant, ajoute-t-elle. La commission de wilaya des marchés publics a imposé, selon M. Benblidia, un fournisseur pour 70% du marché, et par voie de conséquence, selon lui, un choix dirigé qui réduit à néant toutes les promesses faites par les autorités aux divers acteurs du marché de l'affichage au niveau de la wilaya d'Alger. Ce marché est évalué à 200 millions de DA, soit l'équivalent de 20 millions d'euros en 2004, indique-t-il. Elle a relevé, également, que “l'évaluation des besoins en mobilier urbain pour les 58 communes d'Alger s'est effectué sans tenir compte de la disponibilité de l'espace ; à titre d'exemple les besoins d'Alger-Centre ont été fixés à 536 contre 36 espaces urbains disponibles”. Le groupement des afficheurs algériens a déposé déjà un recours au niveau de la commission de wilaya des marchés publics et compte saisir le conseil de la concurrence pour signaler l'ensemble de ces irrégularités. Faïçal Medjahed