Séisme politique en Irak : le gouvernement irakien de Nouri Al Maliki vient d' exiger de son protégé américain un calendrier de retrait de ses troupes militaires présentes en Irak depuis l'invasion de ce pays par les forces coalisées. Les effectifs des forces américaines engagées en Irak s'élèvent à 146 000 hommes. Baghdad et Washington sont liés par un accord de coopération militaire en vertu d'un mandat délivré par le Conseil de sécurité de l'ONU au contingent américain, mandat qui arrive à expiration le 31 décembre 2008. Enlisé jusqu'au cou dans le bourbier irakien, le gouvernement Bush refuse de quitter l'Irak par la petite porte en se soumettant aux injonctions d'un gouvernement qu'il a porté au pouvoir dans les conditions historiques que l'on sait avec les conséquences tragiques que le peuple irakien subit au quotidien. Le pays est en proie à une guerre fratricide intercommunautaire dévastatrice avec en toile de fond cette menace qui n'a jamais été aussi réelle et pressante du démembrement de l'Irak. Les Américains qui ont injecté beaucoup d'argent dans ce pays et payé une lourde facture en pertes humaines non pas pour libérer l'Irak et démocratiser le système politique comme ils s'y étaient engagés en chassant du pouvoir Saddam Hussein et en occupant le pays, mais pour faire main basse sur les richesses énergétiques que recèle ce pays considèrent que stratégiquement le moment n'est pas encore venu pour évacuer l'Irak. Le faire aujourd'hui alors qu'aucun des engagements pris, aussi bien au plan sécuritaire, politique qu'économique avec la reconstruction du pays qui est hypothéquée par l'état de guerre et les fonds promis par les donateurs qui parviennent au compte-gouttes, c'est pour les Américains reconnaître l'échec de leur engagement militaire en Irak. Un scénario catastrophe pour l'Administration Bush et le parti républicain en pleine campagne électorale qui caressaient le rêve de terminer le mandat présidentiel avec un happy end dans le droit fil du cinéma hollywoodien qui n'aura pas été au rendez-vous. Les partis d'opposition, notamment le parti chiite de Moktada Sadr, ont très tôt fait de la question de la souveraineté nationale et du respect de l'intégrité territoriale de l'Irak à travers l'établissement d'un calendrier de retrait des troupes américaines un combat de tous les instants. Les lenteurs de l'opération de transfert de l'autorité des forces américaines aux forces irakiennes qui n'a touché que 9 provinces sur 18 ont donné du grain à moudre aux forces nationalistes qui considèrent que la bataille pour le recouvrement de la souveraineté nationale de l'Irak est désormais ouverte avec le calendrier du mandat du contingent américain qui doit prendre fin à la fin de l'année. L'opposition autant que le pouvoir irakien sont aujourd'hui unanimes à exiger des Américains un calendrier précis de retrait de leurs forces. Baghdad et Washington négocient depuis des mois un accord de coopération militaire futur entre les deux capitales. Dans ce face-à-face entre Américains et Irakiens qui a dérouté les stratèges américains lesquels pensaient que leur engagement en Irak avait fait d'eux les véritables maîtres de l'Irak, « l'axe du mal », l'Iran, vient de s'inviter au débat en expérimentant un nouveau missile balistique de longue portée pouvant atteindre Israël.