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Les cow-boys de la Kabylie
Parc national de l'Akfadou-Le bonheur est dans la forêt
Publié dans El Watan le 12 - 07 - 2008

Ils passent leur temps à galoper pour tenter de rassembler leurs bêtes ou pour retrouver une vache ou un veau égaré dans les bois. Ils vivent dans une forêt dont le soleil peine à percer les frondaisons mais qui n'est ni les Appalaches ni les Rocheuses.
Ils ont des chiens, des chevaux, des mulets et se méfient comme de la peste des voleurs de bétail. Là, cependant, s'arrête la comparaison avec les vachers du Far-West américain, car nous ne sommes pas au Texas mais bel et bien dans la grande forêt de l'Akfadou, avec de sympathiques cow-boys kabyles, qui ont pour noms Saâdi, Rahim, Mustapha et Chaffaâ. A 43 ans, Rahim est le plus âgé de la bande. Bien entendu, il est berger depuis qu'il a appris à courir derrière une vache. Lui aussi est originaire du village d'Ath Allaoua. Dès la fin avril et à l'arrivée des premières chaleurs, les bêtes quittent leurs écuries fangeuses pour le plein air vivifiant de la forêt. Chaque village a son territoire. Il en est ainsi pour tous les villages qui ceinturent la grande forêt de l'Akfadou. D'avril à octobre, les bêtes vont prendre leurs quartiers d'été. Chaque jour pour certains, et un jour sur deux pour d'autres, leurs propriétaires vont passer les contrôler, les compter et s'assurer qu'elles ne sont pas blessées ou perdues. Il faut veiller également à ce qu'elles n'aillent pas paître sur les plates bandes d'un autre, auquel cas on risque une amende qui peut aller jusqu'à un million de centimes. Aux premiers froids ou aux premières neiges, les bêtes sont rassemblées pour regagner l'écurie. C'est la période de la mise à bas.
Le bonheur est dans le pré
La viande de ces bêtes qui vivent en pleine forêt, est très recherchée pour son goût particulier. La viande d'un veau qui naît en forêt et qui ne se nourrit que d'herbe et de plantes sauvages, est, bien entendu, plus proche du gibier que de la viande que vous fourgue habituellement le boucher de votre quartier. Les bergers ont plusieurs points de rencontre comme Messouya ou Akham n'chambit, l'ancienne maison du garde forestier, aujourd'hui tombée en ruine. C'est là, autour d'un frugal repas ou d'un bon café chaud, que l'on s'échange les derniers potins et les dernières informations sur les bêtes et les troupeaux. Ils ont pour compagnons les singes qui évoluent en colonies et peuvent compter plusieurs dizaines d'individus. Craintifs, ils se réfugient au sommet des arbres dès que l'on s'approche d'eux à moins d'une centaine de mètres. Ils sortent rarement de la forêt, mais quand la faim les tenaille, il leur arrive de s'aventurer dans les voisinages des villages pour piller les jardins et les potagers. C'est depuis 2004, l'année de la grande neige, qu'ils ont appris à s'enhardir de la sorte. Cette année là, il avait neigé près de 2 m. Incapables de percer l'épaisse couche de neige, ne trouvant rien à se mettre sous la dent, ils se sont décidés à se rapprocher des villages pour tenter de chaparder quelques restes de nourriture. Depuis, ils ont pris goût. « J'ai vu un singe enlever un paquet de biscuits des mains d'une fillette en plein rue », dit Chaffaâ.
L'appel de la forêt
Depuis 1992, la chasse est interdite. En principe seulement, car existe toujours le braconnage. La confiscation des armes de chasse a permis au gibier et à la faune en général, de se régénérer. Pendant des années, la forêt d'Akfadou a été un no man's land de funeste réputation. Aujourd'hui que les hordes du GSPC l'ont plus ou moins désertée, elle est de nouveau fréquentée mais de façon très timide. Saâdi est maçon quand quelqu'un veut bien faire appel à ses services. Sinon, il garde les 31 bêtes qu'il possède et qui lui permettent plus ou moins d'arrondir ses fins de mois et de mettre un peu de beurre dans ses épinards. A 26 ans, Chaffaâ, du village d'Ikedjan possède près de 200 têtes. En théorie seulement, car en pratique, il arrive à peine à rassembler un quart du bétail qu'il revendique. Le reste des bêtes est redevenu sauvage. Comme le taureau noir que nous avions croisé ce matin au milieu de son harem de vachettes. Une montagne de muscles ornée d'une paire de cornes qui force le respect et qui vous tient à distance. Farouche et méfiant, il a disparu derrière les grands arbres dès qu'on a pointé l'objectif de l'appareil photo sur lui. C'est ce que les bergers appellent un « Harrab ». A force de vivre dans la nature, ces bêtes sont redevenues libres et sauvages et s'enfuient aussitôt qu'un humain pointe le bout du nez ou de son fusil. On ne les approche qu'avec des ruses de sioux au moment où, occupés à brouter, la faim fait baisser leur vigilance. Pour s'en emparer, il n'y a que deux solutions possibles. Il faudrait les anesthésier à l'aide d'un fusil comme on le fait pour un rhinocéros ou d'un éléphant dans la savane africaine, ou les abattre.
Les vaches vadrouillent en toute liberté dans la forêt. Le seul vrai prédateur qu'on leur connaît est l'homme. Depuis quelques années, alors que cette pratique était inconnue dans la région, des voleurs tentent régulièrement de s'emparer du bétail. Il est arrivé que les vaches de l'Akfadou soient retrouvées par leurs propriétaires au marché de Msila ou de Sidi Aïssa. En dehors des voleurs, ce sont les meutes de chiens sauvages qui s'attaquent parfois à ces placides bovidés. Ces chiens avaient été ramenés par les militaires du temps où ils gardaient l'antenne d'Akfadou. Les soldats partis, les chiens se sont retrouvés abandonnés. L'appel de la forêt a fait le reste. Au bout de quelques générations, les canidés se sont complètement adaptés à la vie sauvage. Ils vivent et chassent en meute et constituent, aujourd'hui, un redoutable danger aussi bien pour les bêtes que pour les hommes. Il arrive également que des chacals s'attaquent à des nouveaux-nés. En dehors de ces dangers inhérents à la vie en plein air, les bergers craignent aussi les accouplements entre les vaches et les taureaux sauvages. Il arrive que lors de la saillie, la pauvre vache ne supporte pas le poids de ces mastodontes et reste clouée sur le sol, désarticulée comme un pantin. Quelques bêtes ont péri sous les balles des patriotes. Du temps où ils ratissaient la forêt à la recherche des terroristes islamistes, ceux-ci ont succombé à la tentation de transformer quelques veaux bien gras en méchouis succulents. Cibles faciles, à deux reprises au moins, des veaux ont amélioré l'ordinaire de ces soldats de fortune. Par contre, les terroristes islamistes n'ont jamais touché au bétail. Ils se sont fait un point d'honneur de ne pas toucher aux biens des villages pour ne pas déclencher les hostilités avec des villageois très chatouilleux sur les questions de la propriété privée et collective. Il fut un temps où la forêt de l'Akfadou a été le refuge des insoumis et des bandits d'honneur comme Arezki Lvachir, Ahmed Oumerri ou les frères Abdoun. Aujourd'hui, les seuls hommes libres que l'on peut y rencontrer, ce sont ces bergers qui ne changeraient pour rien au monde leur temple de verdure contre une ville de béton.


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