Il est très loin le temps où la ville de Cherchell, avec ses canons du XVe siècle dirigés vers le ciel, s'enorgueillait d'un passé glorieux datant de l'antiquité, avec ses sites historiques d'une valeur inestimable, tel que le fort turc pour ne citer qu'un exemple. Aujourd'hui, ce même fort turc a été littéralement rasé et enterré sous une affreuse couche de béton, par les autorités communales durant les années 1990, pour le transformer en un vulgaire parking et une aire pour abriter des quinzaines commerciales. Cet acte est justifié par le seul souci d'une rentrée d'argent dans les caisses de l'APC, au détriment de la préservation d'un site historique. Mais personne n'en parle. C'est avec un grand étonnement que l'on découvre, actuellement, durant les travaux d'aménagement de cette infrastructure portuaire, que ce sont finalement de vrais canons en acier du XVe siècle qui ont été installés volontairement par les forces coloniales françaises au niveau du port de pêche de Cherchell. « Quand une force coloniale occupe la ville, elle agit par des actes violents symboliques, pour signifier la soumission et l'humiliation qu'elle inflige aux habitants de la cité qu'elle colonise », nous déclare un docteur. Les canons, comme partout dans le monde, doivent être dirigés vers le ciel et non pas vers le sol. « Alors, je m'interroge : pourquoi les autorités et les pêcheurs n'ont-ils pas exposé ces canons dans un musée, au lieu de les abandonner depuis l'indépendance dans ce port, pour servir à l'accostage des navires ? C'est toute la problématique de ces responsables, qui ne veulent pas rétablir l'authentique histoire du pays », conclut-il. Contrairement aux canons retrouvés et récupérés des fonds marins, ceux du port sont merveilleusement et mieux préservés. Ils constituent un véritable trésor occulté, mais qu'il faudra à tout prix les récupérer et les transférer vers les musées de la ville. Il y en plus d'une vingtaine. Etrangement, ces nombreux canons de guerre du temps de l'Empire ottoman sont abandonnés et livrés à une lente dégradation et à l'oubli. Ceux qui sont chargés de l'aménagement et de l'extension de ce port, n'ont en pas tenu compte. Un petit phare, qui illuminait l'entrée de la rade et qui avait pourtant coûté beaucoup d'argent, vient d'être endommagé et détruit malencontreusement par un conducteur d'engin. Cette œuvre d'art aurait pu être utile ailleurs, au lieu d'être brisée.