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Localité de Aïn El Kebira : Rancœurs et désillusions au quotidien
Publié dans El Watan le 14 - 07 - 2008

Un soleil de plomb écrase tout ce qui bouge à Messaoud Boudjeriou, ex-Aïn Kerma. Les habitants de la commune la plus pauvre de la wilaya de Constantine se hâtent pour atteindre chacun sa destination afin de se réfugier hors des rayons solaires, brûlants, en ce mois de juillet particulièrement caniculaire.
Les routes défoncées du village font que le silence pesant soit brisé par le grincement des essieux des tracteurs, sans doute le véhicule le plus utilisé dans cette commune, pourtant distante du chef-lieu de wilaya de 15 km seulement. Paradoxalement, la route menant vers Aïn El kebira se trouve en excellent état, une situation toute « fraîche » car le gravier crissant sous les pneus des voitures nous renseigne sur les travaux récents entamés sur une distance ne dépassant pas les 3 km qui séparent les deux localités. À un jet de pierre de Boudjeriou donc se trouve Aïn El Kebira, un nom apparemment nullement prédestiné. La fontaine, auquel le bourg doit son appellation, coule parcimonieusement, et personne sur place ne sait quand elle fera ses caprices, tout comme le statut de Aïn El Kebira car ses habitants ne savent pas s'ils résident dans une dechra, un douar, ou une mechta. « Peut-être les trois à la fois », nous dira un garde communal, rencontré sur place, dans le seul lieu ombragé, la maison des jeunes. « Vous pouvez parler à tout le monde, mais il ne faut pas photographier notre cantonnement pour des raisons de sécurité », continuera notre interlocuteur, désignant du doigt les murs qui abritent le siège des gardes communaux, faisant face à la maison des jeunes, lieu de rendez-vous de toute la population si l'on se fie à l'attroupement devant la porte d'un établissement censé être au service des jeunes.
Justement, Aïssa, la quinzaine à peine entamée, est là pour fustiger ses aînés : « Nous passons toutes nos journées et une partie de la nuit devant les murs de la maison de jeunes, rarement à l'intérieur car le démo numérique et les baby-foot qui existaient ont disparu. Aujourd'hui, il y a un…coiffeur et le néant ». Des propos acerbes d'un adolescent en mal de distraction, mais relayés par des adultes qui ne comprennent pas pourquoi l'établissement reste étrangement plus fermé qu'ouvert. D'ailleurs, lors de notre passage, les portes de la maison des jeunes étaient hermétiquement closes, le directeur des lieux ayant « une affaire à régler à Aïn Kerma », nous dira-t-on sur place. Il y a bien eu un atelier de couture pour les filles ne fréquentant plus l'école, mais les adolescentes, pour des raisons inconnues, préféreraient aller à la commune pour leur cours. Toujours est-il que le rêve des jeunes sur place n'est pas de prendre un canot brinquebalant plein de harraga à destination de l'Italie, mais un simple stade de football où ils pourront dépenser leur trop-plein d'énergie. Aïssa ironisera en nous montrant « son » terrain de football, une aire fraîchement moissonnée mais qui sera impraticable dans une quinzaine de jours lorsque son propriétaire retournera le terrain pour une nouvelle campagne de semailles.
A 15 km de constantine , l'éléctricité et le gaz sont un luxe
Sinon, pour 15 DA, vous pourrez faire un tour à Aïn Kerma où le vide et l'ennui vous inciteront, dare-dare, à retourner à Aïn El Kebira pour y apprécier…le calme. Faire le décompte de ce qui se trouve sur place n'est pas difficile, les infrastructures se comptant sur les doigts d'une seule main : un centre de soins, un café souvent fermé, deux semblants d'épiceries, une école et la maison des jeunes, qui fonctionnent tant bien que mal, quand … l'électricité le permet. Un sexagénaire, toujours du côté de l'inévitable maison de jeunes, nous fera part de l'attente des habitants en ce qui concerne l'électricité : « Il y a à peine 40 maisons qui bénéficient du confort de l'électricité. Les autres attendent depuis des années. On nous a promis d'alimenter toutes les maisons à la prochaine visite du wali, malheureusement, ce dernier ne s'est pas déplacé chez nous, et on attend toujours la lumière. On est même prêts à payer ce qu'il faut, tout de suite ». Le gaz naturel, quant à lui, reste une chimère car le butane a encore de beaux jours devant lui, « si le seul revendeur de bouteilles veut bien nous approvisionner ».
Il faut savoir que pendant l'été, les bouteilles de gaz deviennent rares, car le seul transporteur qui approvisionne Aïn El Kebira se reconvertit, avec son tracteur, en fellah transportant les bottes de foin à travers toute la wilaya. Un business apparemment plus rentable. Le chômage, bien sûr, est endémique à Aïn El Kebira, les jeunes n'ayant d'autres choix que les chantiers de construction sporadiques ou le travail des champs, saisonnier. Il y a bien eu le chantier des nouveaux logements ruraux qui a duré un certain temps, mais à leur achèvement la déception était grande. Les nouvelles maisons ne seront pas alimentées en électricité de sitôt, et « la commune de Aïn Kerma ne se soucie guère de faire évoluer les choses », nous dira, avec désillusion, le même sexagénaire, l'un des bénéficiaires des maisons neuves sans…électricité. La poussière soulevée par les dizaines de tracteurs qui sillonnent l'unique « artèr » de Aïn El kebira nous incommode, tout comme nos interlocuteurs sur les marches de…la maison de jeunes ! Malgré cela, les habitants de Aïn El kebira souhaitent la perpétuité de ce carrousel, car avec l'arrêt des tracteurs et la retombée de la poussière, c'est toute la vie du bourg qui va hiberner, ravivant le chômage qui ne s'éclipse, partiellement, que le temps d'un été. Fût-il chaud et poussiéreux !


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