L'Algérie a décidé de revoir à la baisse les placements de ses réserves de change au niveau des banques et augmenter les dépôts en actifs publics (titres gouvernementaux) à l'étranger », selon le gouverneur de la Banque d'Algérie, qui s'exprimait hier dans un discours devant les sénateurs. La plénière était consacrée à l'évolution des agrégats monétaires et de crédits durant l'année écoulée et le premier semestre de 2008. Selon lui, les placements à l'étranger en bons du Trésor « sont plus sécurisés que ceux déposés au niveau des banques qui, elles, sont très exposées aux chocs financiers induits par la crise des subprimes ». Cela s'inscrit, selon M. Laksaci, dans le cadre de la gestion des réserves de change et le risque suscité par la crise des crédits hypothécaires (subprimes). Le gouverneur de la Banque d'Algérie a déclaré, aussi, que son institution a opté pour la diversification de la monnaie des réserves de change. Les réserves de change de l'Algérie ont atteint, à la fin avril 2008, les 125,95 milliards de dollars, alors que la cagnotte était de 123,46 milliards de dollars à la fin mars de la même année et 110 milliards en janvier, faisant ressortir une hausse de 13,38% en un laps de temps de trois mois seulement. Par ailleurs, le taux d'inflation est passé de 3,5% en 2007 à 4,47 à la fin avril 2008, tandis que la courbe inflationniste en glissement annuel a atteint la barre des 5,63% en mars 2008 et de 6,44 en avril de la même année. C'est une inflation importée, selon Mohamed Laksaci. C'est-à-dire que cette hausse est due principalement à l'augmentation des prix des produits alimentaires sur les marchés internationaux. Les importations de l'Algérie ont sensiblement augmenté durant le premier trimestre de l'année en cours par rapport à la même période de l'année dernière. Les importations ont coûté ainsi une enveloppe budgétaire de l'ordre de 10,34 milliards de dollars durant le premier trimestre 2008 contre 7,71 milliards de dollars durant la même période de l'année 2007, soit une hausse de 34,1%. L'importation des produits alimentaires a augmenté de 68%, alors que les produits d'équipement ont connu une hausse de 47%. D'où la hausse continue de l'inflation, liée surtout aux fluctuations des marchés boursiers. Le volume global de la balance des paiements a atteint les 9,96 milliards de dollars durant le premier trimestre 2008 contre 5,35 milliards de dollars durant la même période de l'année écoulée. L'agrégat avoirs extérieurs nets est passé de 7382,9 milliards de dinars à la fin décembre 2007 à 8086,8 milliards de dinars à la fin mars de l'année en cours, selon le rapport évaluatif du gouverneur de la Banque d'Algérie, exposé, hier, au Sénat. Se référant à la même source, les crédits à l'économie ont connu également une croissance de 4,1% durant le premier trimestre 2008 contre 1% durant la même période de l'année 2007. Interrogé par les sénateurs sur les surplus de liquidités et les restrictions imposées pour le financement des entreprises, M. Laksasi a laissé entendre que les banques ont l'obligation de prudence et la préservation du capital. Le gouverneur de la Banque d'Algérie n'a pas omis de répéter le vieux slogan selon lequel le surplus de liquidités est la résultante d'une gestion saine et rigoureuse du risque.