L'étau se resserre contre le président soudanais Omar El Bechir, contre lequel le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), l'Argentin Luis Moreno-Ocampo, vient d'émettre un mandat d'arrêt international pour « génocide » au Darfour soudanais. Pour l'heure, la procédure enclenchée par la Cpi se trouve au stade de l'accusation ; il appartiendra aux juges de La Haye, sur la base des éléments fournis par l'accusation, de décider de donner une suite favorable à la demande du procureur ou de demander un complément d'enquête. Le régime soudanais a vigoureusement rejeté ces accusations, menaçant les Nations unies d'une « réaction » si l'affaire était portée devant les instances onusiennes. Isolé au plan international, le régime soudanais se tourne naturellement vers les pays arabes et l'Union africaine en quête de soutiens face aux menaces de représailles de la CPI. La Ligue arabe est convoquée pour une réunion de crise ce mercredi, tandis que l'Union africaine a « mis en garde » la CPI sur les conséquences de la mise en exécution des menaces de la Cour pénale internationale. Mais que peuvent la Ligue arabe ou l'Union africaine face à la machine infernale de la Cour pénale internationale qui ne se met jamais fortuitement en branle si elle n'est pas actionnée par les membres influents du Conseil de sécurité et notamment par les Américains qui n'ont jamais caché leur volonté d'en découdre avec le régime de Omar El Bechir ? L'accusation de la CPI n'est que la conséquence logique des pressions diplomatiques exercées par l'Onu depuis le début du conflit en février 2003 contre le régime de Khartoum et qui se sont traduites par une mission d'enquête en janvier 2005 de l'instance onusienne au Darfour dénonçant les « crimes contre l'humanité » du régime soudanais tout en considérant que Khartoum « n'a pas poursuivi une politique de génocide ». Deux années plus tard, en mars 2007, une autre mission de l'Onu enfonce le gouvernement soudanais accusé explicitement cette fois-ci d'avoir « orchestré et participé à des crimes de guerre et crimes contre l'humanité ». Sur le terrain, le déploiement de la force hybride ONU-Union africaine (Minuad) de maintien de la paix au Darfour se heurte à des problèmes de logistiques qui rendent inefficaces et inopérantes cette force. Seuls 9200 soldats et policiers sur un total de 26 000 hommes prévus sont mobilisés. Les derniers développements survenus dans le conflit du Darfour avec les accusations de la CPI contre le gouvernement soudanais qui a une responsabilité pleine et entière dans la situation qui prévaut au Darfour donnent à la crise soudanaise une nouvelle dimension. Il reste à savoir si la saisine de la CPI dans le conflit soudanais relève d'une décision souveraine du tribunal de La Haye qui se fonde sur des faits et des preuves irréfutables ou s'il ne s'agit que de nouvelles pressions politiques par Onu interposée et sous couvert de la Cour pénale internationale exercées sur le président Omar El Bechir pour l'amener à ouvrir des négociations avec les rebelles du Darfour. En tout état de cause, l'implication de la CPI dans le conflit du Darfour pose une fois de plus le problème de la vocation de cette cour qui intervient, juge et condamne avec une facilité déconcertante dans certains cas, ferme les yeux et se rend complice dans d'autres cas flagrants de conflits où sont impliqués les grandes puissances, à leur tête les Etats-Unis qui ne sont pas membres de la CPI et qui refusent qu'un de ses soldats soit déféré devant cette cour. C'est le cas en Irak, c'est aussi le cas en Palestine occupée où le peuple palestinien est victime d'un génocide au quotidien.