La Cour pénale internationale (CPI), qui a fermé les yeux sur les crimes de guerre et le génocide de l'armée israélienne contre le peuple palestinien à Gaza malgré les nombreuses interpellations, a émis hier un mandat d'arrêt contre le président soudanais Omar el-Bechir. La Cour pénale internationale (CPI) a annoncé hier avoir délivré un mandat d'arrêt contre le président soudanais Omar el-Bechir pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour, sans retenir le chef d'accusation de génocide. “Aujourd'hui, la chambre préliminaire 1 (...) a émis un mandat d'arrêt contre le président du Soudan Omar el-Bechir pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité”, a déclaré la porte-parole de la CPI, lors d'une conférence de presse dans les locaux de la CPI à La Haye. La Cour n'a pas émis de mandat d'arrêt contre M. Béchir pour génocide, contrairement à ce qu'avait demandé le procureur de la CPI, Luis Moreno Ocampo. Ce dernier avait demandé le 14 juillet 2008 un mandat d'arrêt contre Omar el-Bechir, 65 ans, à la tête du plus grand pays d'Afrique depuis 1989. Dans sa requête à la Cour, le procureur avait estimé que le président du Soudan était pénalement responsable du génocide des ethnies four, masalit et zaghawa. “M. Bechir a, de façon spécifique et à dessein, pris pour cible des civils qui ne prenaient part à aucun conflit, dans l'intention de les détruire, en tant que groupe”, avait-il affirmé. Donnant l'impression de savoir que cette décision était inévitable, le président sénégalais Abdoulaye Wade, a déploré hier à Dakar à quelques heures de l'annonce par cette instance judiciaire internationale de son verdict, que la Cour pénale internationale (CPI) ne poursuit que “des Africains”. “Le Sénégal est le premier pays africain à signer l'accord” instituant la CPI, “mais nous avons l'impression que ce tribunal ne juge que des Africains”, a déclaré le président Wade. Il ajoutera : “Il faut juger tous les criminels présumés partout où ils se trouvent dans le monde”. Mais, la Cour pénale internationale semble s'acharner contre les Africains oubliant les autres criminels de guerre, à commencer par les généraux israéliens, auteurs d'innombrables boucheries contre le peuple palestinien, comme le confirme l'émission de ce mandat d'arrêt. Il s'agit du premier mandat d'arrêt contre un chef d'Etat lancé par la CPI, en fonction depuis 2002. Pour rappel, elle avait émis des mandats d'arrêt contre le ministre soudanais des Affaires humanitaires, Ahmed Haroun et le chef de milice janjawid, Ali Kosheib, en mai 2007, mais Omar el-Bechir a toujours refusé de les extrader. Ceci étant, la CPI ne dispose d'aucune force de police propre et dépend de la volonté des Etats pour l'exécution des mandats d'arrêt. N'accordant aucun intérêt à la décision de la CPI, le chef de l'Etat soudanais avait prévenu que celle-ci n'aurait “aucune valeur”. “Elle ne vaudra pas l'encre avec laquelle elle aura été écrite”, avait-il lancé devant plusieurs milliers de Soudanais, qui l'ont acclamé avant de piétiner des affiches du procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo. Pour information, le procureur de la CPI, seul tribunal permanent compétent pour juger des crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide, enquête depuis 2005 sur le Darfour en vertu d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU. À signaler que la Ligue arabe avait averti mardi qu'un mandat d'arrêt aurait “des conséquences dangereuses sur les efforts de paix en cours au Darfour”. Merzak Tigrine