C'est une situation étrange ! » C'est ainsi que Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), a répondu hier à une question relative à la non-présentation à la fois du bilan et du programme de gouvernement devant le Parlement. Elle a indiqué au cours d'une conférence de presse animée hier au siège de son parti que la présentation du bilan est aussi importante que la déclaration de politique générale. Mais là, ni le désormais ancien chef de gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, ni son successeur, Ahmed Ouyahia, ne sont passés devant le Parlement pour « rendre compte aux élus du peuple » des activités passées et futures de l'Exécutif. Pour Mme Hanoune, cette attitude ne peut être justifiée ni par le fait que « le gouvernement applique ou exécute le programme du Président », ni par le fait qu'« il y a eu juste un léger remaniement ministériel ». Présenter son bilan ou son programme est, selon elle, « une question de respect du peuple ». Le programme présidentiel, précise-t-elle, est constitué uniquement de « grands axes » des politiques à mener. Ce programme est donc, ajoute-t-elle, appelé à évoluer selon les besoins de la société et du pays. Mme Hanoune estime ainsi que chaque gouvernement doit faire son bilan, « afin de corriger les erreurs et de combler les failles ». Pour étayer ses propos, elle cite le cas des harraga, un phénomène qui n'était pas aussi répandu en 2004 et qui nécessite, selon elle, des « mesures urgentes ». A la question de savoir s'il n'y a pas violation de la Constitution, Mme Hanoune préfère parler de ce qu'elle considère comme « la plus grande et la plus dangereuse violation » de la Loi fondamentale, à savoir la loi domaniale et celle relative à l'orientation agricole. Deux textes de loi qui ont été adoptés récemment par le Parlement, même si les députés du PT et d'autres partis ont voté contre. Dénonçant le bradage des entreprises publiques et leur fermeture, Mme Hanoune considère l'ouverture de la distribution et de la vente de carburant à des sociétés privées comme un danger pour l'entreprise publique Naftal, qui emploie des milliers d'Algériens. Elle accorde, cependant, des points positifs au gouvernement quant à l'amélioration du pouvoir d'achat. Mais elle regrette qu'il y ait encore des travailleurs dans la précarité. Elle trouve « honteux » que dans l'Algérie de 2008, qui jouit d'une aisance financière jamais égalée, des enseignants font une grève de la faim dans l'indifférence totale des autorités compétentes. Revenant sur la participation de l'Algérie à l'Union pour la Méditerranée (UPM), Mme Hanoune a dit qu'elle n'arrivait pas à réaliser que « c'est le président français qui nous a informés de la présence du chef de l'Etat à ce sommet », qui s'est tenu le 13 juillet à Paris. Quant au projet UMP, la première responsable du PT le considère comme un « démembrement GMO », l'autre projet américain destiné au monde arabe et musulman. Selon elle, les grandes puissances s'intéressent aux richesses des pays de la rive sud de la Méditerranée, particulièrement celles de l'Algérie. Cet intérêt a été exprimé par les pressions exercées sur les dirigeants algériens pour obtenir des concessions sur certains dossiers. Abordant le projet de loi relatif aux rémunérations des députés et aux privilèges auxquels ils veulent accéder, dont le passeport diplomatique, Mme Hanoune affirme que son parti n'a jamais contribué à cette démarche.