Louisa Hanoune est allée jusqu'à se demander si tous ces textes de loi n'étaient pas élaborés “sous la pression étrangère” ou n'y aurait-il pas un lien avec le projet de révision constitutionnelle ? La secrétaire générale du Parti des travailleurs Louisa Hanoune a qualifié, hier, les textes de loi sur l'orientation agricole et le foncier industriel de “suicidaires” pour le pays. Animant une conférence de presse destinée à faire le bilan de la session de printemps de l'Assemblée nationale qui vient de s'achever, Mme Hanoune, qui n'y est pas allée par quatre chemins pour descendre en flammes ces deux textes de loi qui ont été adoptés par l'APN, a même considéré ces lois comme “une déclaration de guerre contre la nation”. Pour elle, “ces lois ne peuvent pas être algériennes, même si des Algériens ont participé à leur rédaction car, fondamentalement, elles ouvrent le chemin au pillage des richesses nationales en faveur des étrangers”. “Même le droit de préemption sur ces terres, dont l'amendement a été déposé par nos députés, n'a pas été retenu. À quoi cela répond-il ?”, s'interroge Mme Hanoune qui craint que le système d'exploitation des terres agricoles par le biais de la concession ouvre la voie au blanchiment d'argent. La patronne du PT est allée jusqu'à se demander si tous ces textes de loi avaient été élaborés “sous la pression étrangère” ou y aurait-il un lien avec le projet de révision constitutionnelle ? Mme Hanoune a indiqué, hier, que le bilan à faire concerne également l'année qui vient de s'écouler après les dernières élections législatives marquées, rappelle-t-elle, par un taux d'abstention record de 64% reconnu y compris par les plus hautes autorités du pays. La secrétaire générale du PT, qui considère cela comme “un cri de détresse assourdissant et une sanction sans précédent contre la gestion des affaires du pays”, estime que “malheureusement, une année après on ne peut pas dire que les choses se sont améliorées sur le plan social”. Ce qui est, selon elle, “une source d'inquiétude.” Elle affirme que les élus et les représentations de son parti “sont débordés par les plaintes des citoyens de manière générale et surtout les femmes, les jeunes et les victimes de la tragédie nationale”. Bifurquant sur le dossier des privatisations, elle a relevé que Hamid Temmar n'a pas présenté de bilan devant les députés depuis 2001. Pourtant, indique-t-elle, la Constitution du pays oblige ce responsable à présenter un rapport à l'Assemblée nationale sur tout ce qui a un lien avec ce dossier sensible. Une situation que Mme Hanoune trouve “très étrange”. Mme Hanoune s'est, par ailleurs, interrogée sur les chiffres officiels relatifs à la création d'emplois. “On nous rabâche des plans de création d'emplois et on nous parle même d'un million de postes créés. Si c'était vrai, pourquoi les jeunes préfèrent encore prendre le chemin de la harga ?”, dénonce-t-elle, estimant qu'il n'y aurait véritablement que 200 000 créations d'emplois durant ces dernières années. “On parle de chiffres relatifs au chômage, mais on oublie ceux qui ont été victimes des compressions ou des privatisations”, souligne-t-elle. Evoquant le thème controversé des fonds souverains, Mme Hanoune a jugé cette démarche “très dangereuse”. “Les experts algériens disent que cela s'apparente à une partie de poker. Je suis tout à fait d'accord avec cette vision”, affirme-t-elle. Elle s'est, par ailleurs, beaucoup interrogée sur l'intérêt d'une adhésion de l'Algérie à l'Union pour la Méditerranée. ”C'est une création à des fins qui ne sont pas les nôtres. Où est l'intérêt de l'Algérie dans tout cela ?”, considère Mme Hanoune, qui se demande “quel sera le rôle des Etats et à quoi ils serviraient si les projets de l'Union sont financés par des fonds privés” ? Mme Hanoune a, toujours à propos de l'UPM, trouvé anormal que la décision de la participation de Bouteflika au sommet de Paris ait été annoncée par le président français Nicolas Sarkozy. Hamid Saidani