L'approvisionnement des transformateurs de l'industrie laitière en poudre de lait subventionnée se fera concomitamment à celui du lait cru issu de la production nationale, a indiqué hier le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, M. Rachid Benaïssa, lors d'une conférence de presse animée en marge de la conférence des cadres de son secteur. Cette mesure entrera en vigueur d'ici à la fin de l'année, afin de donner le temps aux opérateurs de cette branche de l'agroalimentaire de se préparer, a-t-il ajouté.Elle s'applique à toutes les entreprises qui s'approvisionnent auprès de l'Office interprofessionnel du lait (ONIL), qu'elles soient publiques ou privées, a-t-il précisé. Ces dernières ont tendance à utiliser la poudre de lait importée tournant le dos à la production nationale. Mise en place d'une passerelle La facture de l'importation de ce produit ne cesse d'augmenter en raison de la hausse substantielle de son prix sur les marchés boursiers. La décision du département de Rachid Benaïssa vise à mettre une passerelle entre les transformateurs de lait et les éleveurs de vaches laitières pour réduire la valeur des importations de cette matière première. Interrogé sur la production céréalière que l'on annonce faible pour cette saison, le ministre a reconnu que celle-ci a été touchée par la sécheresse. Il a voulu cependant se montrer rassurant en relevant que l'Algérie « avait un stock stratégique ». Pour lui, il est temps « d'entrer dans l'irrigation d'appoint » pour ne plus dépendre des aléas climatiques. Il relèvera dans ce sillage que 132 communes ont un rendement considérable et feront l'objet d'un « travail ciblé ». S'agissant du système de régulation des produits agricoles de large consommation mis en œuvre la semaine dernière, le premier responsable du secteur a souligné que 30 000 tonnes de pomme de terre ont été stockées par des opérateurs du froid jusqu'à présent. Le gouvernement s'est fixé comme objectif de récupérer 150 000 tonnes pour résorber le surplus de production qui tire les prix vers le bas menaçant les revenus des agriculteurs. « Depuis que l'on a commencé ce système, les prix de la pomme de terre ont augmenté de 3 à 5 dinars », a soutenu M. Benaïssa. Il a signalé que la marge des entreprises retenues pour le stockage a été fixée à 25% du prix. Les capacités de stockage existantes sont estimées à 1,7 million de mètres cubes, a-t-il mentionné. Le ministre n'a pas exclu d'élargir le système de régulation aux viandes afin d'aider les éleveurs, notamment ovins, à écouler leur production. Pour ce qui est de l'élevage bovin, M. Benaïssa a plaidé pour l'importation d'embryons au lieu et place de génisses. Un programme d'importation d'embryons sera lancé incessamment, a-t-il dit encore à ce propos. Revenant sur la loi sur l'orientation agricole adoptée dernièrement par l'Assemblée populaire nationale (APN), le ministre a souligné que ce texte réglementaire donne à l'Etat « les moyens d'intervention » dans le cas où il y a une utilisation autre qu'agricole des terres arables mais, poursuit-il, « cela ne règle pas totalement le problème ». Importation d'embryons Cette loi consacre la concession comme mode exclusif des terres agricoles relevant du domaine privé de l'Etat. « Avec le droit de jouissance perpétuelle, les relations n'étaient pas claires et on ne savait pas quelles étaient les terres privées et celles de l'Etat et on ne pouvait pas prétendre à un crédit bancaire, alors que la concession crée des conditions universelles qui ouvrent droit à l'hypothèque et permettent d'avoir des partenaires dans la gestion », a expliqué le ministre. La durée de la concession n'a pas encore été établie. « Il y a une série de situations. La durée ne sera pas la même pour une terre au Nord et une terre steppique ou pour des terres mises en valeur. Il y aura un texte qui va tenir compte de chacune d'entre elles », fera valoir M. Benaïssa. « Mais la terre restera propriété de l'Etat », a-t-il insisté.