Abdelwahab Ziani, président de la Fédération nationale de l'industrie agroalimentaire, affiliée à la Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA), considère que la mesure annoncée, récemment, par le tout nouveau ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, « n'est pas une solution ». Elle n'est pas de nature, selon lui, à soustraire la filière du lait en Algérie de la dépendance envers le marché mondial. M. Benaïssa avait affirmé, samedi dernier, lors d'une réunion avec les cadres de son secteur, que l'approvisionnement en lait en poudre auprès de l'Office interprofessionnel du lait (Onil) se fera de manière concomitante avec la récupération du lait cru. A ce propos, M. Ziani estime que le gouvernement ferait mieux de renforcer le cheptel bovin (génisses) et de mettre la main à la poche pour donner plus de moyens et de subventions aux agriculteurs. L'Algérie avait établi, en 2007, un programme visant l'importation de 50 000 vaches laitières. Le nombre de génisses importées en 2006 était de 8 000. L'objectif est de diminuer la facture des importations de lait, qui s'élève à 600 millions de dollars par an, selon des chiffres officiels. Tout en soulignant que sa fédération s'inscrit dans toute action émanant du gouvernement, M. Ziani souligne que les transformateurs de l'industrie laitière ont toujours intégré la récupération du lait cru dans leurs approvisionnements. Pour le moment, les responsables de la Cipa attendent toujours la définition du taux d'intégration. Notre interlocuteur évoque une autre problématique, à savoir « l'existence d'un réel déséquilibre dans la cartographie de la présence des agriculteurs-producteurs de lait cru sur le territoire national ». Dans les régions enclavées, il n'y a pas assez de lait cru, a-t-il signalé. Toutefois, « d'autres régions sont considérées comme des bassins laitiers », note-t-il. D'après lui, les transformateurs de lait ne sont pas logés à la même enseigne dans l'accès à un approvisionnement sûr et équitable en poudre de lait, qui, pour rappel, est subventionnée. Il faut dire que la non-consultation de la Cipa à propos de cette décision du ministère de l'Agriculture fait un peu grincer les dents des professionnels du secteur. « On n'a pas été associés à cette décision. Mais nous comptons peser prochainement dans la mise en place des mécanismes », promet M. Ziani, qui affirme que la mise en œuvre de cette nouvelle politique devrait prendre le temps nécessaire. « Ce n'est pas une politique à exécuter du jour au lendemain », indique-t-il. Le représentant du gouvernement avait précisé que sa mesure prendrait effet d'ici fin 2008. Les membres de la Fédération nationale de l'industrie agroalimentaire se réuniront dans les jours à venir pour discuter des impacts directs de la mesure prise par M. Benaïssa sur le devenir de la filière lait en Algérie, fera savoir M. Ziani en guise de conclusion.