Seulement cette fois, un pas de plus semble avoir été franchi toujours dans le sens de l'embrouille et c'est plutôt le contraire, c'est-à-dire que tout baigne, qui aurait été étonnant. Dans cette comédie vaguement musicale, c'est le président de l'Apico, association qui a le mérite d'avoir organisé 16 éditions contre « vents et marées » qui a tenu le rôle principal et c'est également lui qui, jeudi au siège de l'organisation qu'il préside, a réuni quelques associations pour un même combat, à savoir permettre à la ville de tenir les manifestations culturelles qui lui restent : Maoussim Sidi El Houari et le rassemblement des troupes folkloriques. « Tahouil taâ elmahradjane (délocaliser le festival), c'est louche », s'étonne Touil Nasreddine dit Nasro qui se demande pourquoi, dans ce cas, on ne transférerait pas à Oran le Festival de Timgad ou celui du chaâbi, etc. En effet, institutionnalisé en 2005 par le ministère de la Culture qui l'a doté d'un commissariat, cette année, on a décidé contre toute attente que le Festival du raï allait se tenir à Sidi Bel Abbès. Il est vrai que sur la base d'un différend avec ses pairs du commissariat du festival, notamment au sujet de l'édition de l'an dernier (la 17e) et à laquelle il n'a pas participé, Nasro a démissionné officiellement de cette instance le 17 mars 2008. Dans sa lettre de protestation adressée au ministère de la Culture, il a pris le soin de mentionner ou de prévenir que la 18e édition allait être organisée par l'Apico, c'est-à-dire un retour à la période d'avant l'institutionnalisation. Entre-temps à Sidi Bel Abbès, un nouveau commissaire du festival de la chanson raï a été désigné. A ce stade, on pourrait aisément penser que le ministère a préféré délocaliser la manifestation plutôt que de se retrouver avec soit un conflit entre l'Apico et les autres membres du 1er commissariat du festival soit avec deux manifestations portant le même intitulé entrant en compétition. Seulement voilà, face à une situation déjà compliquée, vient s'ajouter un autre élément inattendu. Les autorités locales organisent un festival dit de la chanson oranaise et le comble, c'est que ces trois manifestations sont toutes programmées entre le 2 et le 8 août prochain. Et le comble des combles, c'est que pour le cas d'Oran, le Festival du raï version Apico et le festival de la chanson oranaise version pouvoirs publics sont prévus au même endroit. Le président de l'Apico jure que le programme et la demande pour le Théâtre de Verdure ont été déposés en mars 2008. Il voit là logiquement une tentative de le pousser vers la sortie. Ce n'est pas la première fois que cela lui arrive et c'est sans doute pour cela qu'il reste assez confiant que son festival va quand même se tenir. Ses atouts viennent du ministère de l'Energie où, selon lui, on lui a promis de sponsoriser la manifestation (le montant n'a pas encore été arrêté) mais aussi du ministère de la Jeunesse et des Sports. « En réponse au contenu de votre lettre en ce qui concerne la demande de patronage par le ministre de la Jeunesse et des Sports du Festival national de la chanson raï qui se tiendra du 2 au 8 août prochain à Oran, j'ai l'honneur de vous informer que le ministre a accepté la demande de patronage du Festival sans engagement matériel. » Cette lettre signée par le secrétaire général du ministère et datée du 30 avril est adressée au « président du comité directeur du Festival national de la chanson raï ». Avec le ministre de la Communication qui était présent au Festival du film arabe (entre le 26 juin et le 3 juillet) et le ministre de la Jeunesse et des Sports pour le patronage du Festival du raï, on aura remarqué cette année à Oran, « culturellement parlant », des intrusions pas tout à fait à leur place. Sur un tout autre plan, la présidence de la République a donné son accord pour le patronage du Maoussim Sidi El Houari (toujours à la demande de Nasro de l'Apico) prévu initialement entre le 24 et le 26 juin mais qui a dû être reporté (Festival du film arabe oblige) pour la période allant du 24 au 31 juillet. Toutes ces correspondances sont brandies, lors de ce point de presse de jeudi, comme arguments en faveur de la tenue de ces deux manifestations. La mairie d'Oran n'a pas encore donné les autorisations, sauf pour le nouveau festival dit de la chanson oranaise. « Etant donné que de ceux qui chantent le style wahrani à la manière de Blaoui ou Wahbi, il n'en reste que 7 ou 8 (moins si on élimine ceux qui font carrière dans l'imitation, ndlr), comment on va se débrouiller pour animer un festival de 7 soirées ? », s'interroge le même responsable associatif qui reste convaincu par ailleurs que les vedettes du raï vont boycotter la manifestation de Sidi Bel Abbès. Toujours selon lui, « les passations de consignes n'ont pas été effectuées entre l'ancien et le nouveau commissariat et les lettres adressées au ministère par des intervenants à la 17e édition sont réexpédiées vers le nouveau commissaire qui ne sait pas quoi en faire. » Mais peut-être que, comme les années d'avant, la musique adoucissant les mœurs, tout rentrera dans l'ordre le 2 août prochain lorsque des milliers de spectateurs viendront acclamer leurs vedettes.