L'Institut national de la santé publique (INSP) a rendu publiques des statistiques pour le moins inquiétantes sur la structure de la population algérienne, à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale de la population. Après les années fécondes où l'Algérie caracolait en tête des nations en matière de baby-boom avec un taux de natalité débridé qui avait d'ailleurs incité alors les autorités à mettre en place un dispositif de planification familiale et d'espacement des naissances rigoureux en adéquation avec le niveau de développement du pays, on apprend que la population algérienne se fait de plus en plus vieillissante. La tranche d'âge située entre 15 et 59 ans atteint 64,80% de la population globale, selon les chiffres de l'Insp. A l'inverse, les moins de 15 ans représentent à peine 28,38% de la population. La dénatalité non planifiée et le vieillissement de la population ne sont jamais un signe de bonne santé d'une nation qui a besoin d'une population jeune, épanouie, d'une force de travail, au sens physique et intellectuel, pour promouvoir le développement du pays. Les pays du Nord, qui ont connu cette situation et qui la vivent encore pour certains d'entre eux aujourd'hui, ont payé cher en termes de ralentissement de la croissance. Des solutions alternatives furent vite trouvées pour faire face à la situation, en compensant le déficit local en main-d'œuvre par le recrutement d'une main-d'œuvre étrangère, suivant des politiques que l'on affine de plus en plus dans un sens sélectif et restrictif, comme l'a fait le président français, Nicolas Sarkozy, avec « l'émigration choisie ». De la même façon qu'il est envisagé de plus en plus dans les pays industrialisés un allongement de l'âge limite de travail et de départ à la retraite, en tirant le maximum de profit de l'expérience et du savoir-faire des seniors. De nombreux chefs d'entreprise recourent à cette main-d'œuvre qualifiée pour faire tourner leurs usines et assurer sur site la formation des jeunes qui arrivent sur le marché du travail. La question se pose alors de savoir, au-delà des chiffres froids de l'Insp, quelle utilisation les pouvoirs publics feront-ils de ces statistiques ? Ces nouvelles données démographiques favoriseront-elles l'élaboration de nouvelles politiques de développement en rapport avec ces réalités ? Quand on connaît l'usage que l'on fait des statistiques en Algérie, il est fort à craindre que la sonnette d'alarme que viennent de tirer les cadres de l'insp concernant l'état de la population algérienne, qui prend des rides irréparables dans l'insouciance générale, ne soit pas entendue par qui de droit. Nos vieux (les sexagénaires), qui représentent 7,43% de la population, pourront toujours se consoler avec cette bonne nouvelle de l'allongement de l'espérance de vie en Algérie qui leur permettra avec un peu de chance de (sur)vivre quelques années de plus par rapport à la génération de leurs parents, en égrenant leurs ennuyeuses journées à jouer aux dominos.