Les autorités marocaines doivent "annuler les accusations" contre un jeune rappeur contestataire et le libérer, après plus de trois semaines de détention, a indiqué Human Rights Watch (HRW) dans un communiqué mercredi. Mouad Belghouat, 24 ans, l'un des rappeurs contestataires les plus célébrées au Maroc, a été arrêté le 28 mars par trois policiers en civil et présenté le lendemain devant un tribunal de Casablanca, qui a décidé de le poursuivre le même jour. "Cette affaire est tout simplement une affaire de liberté d'expression. Chaque jour qu'il (le rappeur) passe en prison rappelle la distance entre les lois du Maroc et sa pratique, ainsi que les droits garantis par sa nouvelle constitution", selon l'ONG basée à New York. M. Belghouat est accusé "d'outrage à un officier public dans le cadre de ses fonctions et à un corps constitué" sur la base d'une vidéo diffusée sur le réseau social Youtube, où apparaissent des policiers marocains sur fond d'une de ses chansons. Lors de la dernière audience, lundi dernier, le juge du tribunal de Casablanca a reporté le procès au 25 avril. "Belghouat a nié tout lien avec cette vidéo, disant que deux inconnus ont fait le montage des photos et de la musique, et il y a un enregistrement séparé du rappeur interprétant la chanson +les chiens de l'Etat", poursuit HRW. Il est également est l'un des chanteurs les plus célèbres du Mouvement du 20 février, qui revendique des changements politiques profonds, l'élimination de la corruption et une monarchie parlementaire à l'image de l'Espagne. Très écoutées notamment dans les réseaux sociaux, les chansons de Mouad Belghouat, surnommé Lhaqed (le rancunier) sont critiques à l'égard de la monarchie marocaine et abordent des thèmes liées aux injustices et aux inégalités sociales. Une de ses plus connues critique ouvertement le roi Mohammed VI et dénonce sa fortune. Né dans un quartier populaire à Casablanca, Mouad Al-Haqed était magasinier dans une grande surface.