Deux manifestants ont été tués par balle et douze autres personnes, dont trois policiers, blessées samedi lorsqu'une marche d'autonomistes a dégénéré en affrontement armé à Aden, dans le sud du Yémen, selon plusieurs sources. Ces violences ont éclaté après un rassemblement d'autonomistes commémorant l'anniversaire de la prise de contrôle du sud du Yémen par des troupes nordistes le 7 juillet 1994. "Des policiers ont ouvert le feu sur notre marche, tuant un manifestant et en blessant trois autres", a déclaré l'un des militants sudistes, Nizar Saïdi. L'un des blessés a succombé, a ajouté dans un deuxième temps ce militant. Une source hospitalière a confirmé le décès d'un manifestant et indiqué que sept autres manifestants avaient été blessés notamment dans les échanges de tirs qui ont suivis les premières rafales. Un responsable des services de sécurité a évoqué une "provocation", affirmant que des manifestants armés ont tiré les premiers. Il a fait état de trois blessés parmi les policiers. Des échanges de tirs ont opposé une bonne partie de la journée policiers et autonomistes armés dans le quartier de Mansoura, l'un des bastions du Mouvement sudiste à Aden qui était la capitale de l'ancien Yémen du sud. Des heurts ont opposé à Seyoun, capitale de la province du Hadramout (sud-est) autonomistes et policiers lors d'une manifestation organisée à la même occasion, ont indiqué des militants sans faire état de victimes. Un dirigeant sudiste en exil, l'ancien vice-président Ali Salem al-Baïda, a appelé, dans un communiqué, les sudistes à continuer à revendiquer pacifiquement l'indépendance et réitéré son refus de participer au dialogue national proposé par les autorités pour sortir le pays de la crise. Le Mouvement sudiste revendique l'autonomie, voire l'indépendance, du Sud du Yémen qui a fusionné avec le Nord en 1990. Quatre ans après l'unification, une guerre avait éclaté entre les armées du Nord et du Sud, remportée par les troupes du Nord. Les revendications des Sudistes, qui s'estiment marginalisés par le Nord, se sont intensifiées bien avant le mouvement de contestation du régime de l'ancien président Ali Abdallah Saleh, lancé en janvier 2011 et qui a conduit à son départ fin février.