Abd Rabbo Mansour Hadi, actuel vice-président et futur président intérimaire du Yémen Avec un seul candidat en lice, c'est le taux de participation qui déterminera la légitimé du futur président, intérimaire, Abd Rabbo Mansour Hadi. A la veille de l'ouverture, aujourd'hui, de l'élection présidentielle au Yémen, qui doit désigner le successeur d'Ali Abdallah Saleh, de vives tentions ont été enregistrées dans le sud du pays. Boycottant l'élection présidentielle, des militants indépendantistes sudistes tendent à semer la terreur et l'insécurité dans le pays, dans le but de dissuader les électeurs d'aller voter en masse, car cela pourrait être dangereux pour leur vie. Sur ce point, et dans le souci de réconforter les électeurs, le ministre de l'Intérieur, Abdel Qader Qahtan, a assuré, lors d'une conférence de presse tenue hier, que les forces de sécurité avaient pris les mesures nécessaires pour assurer le bon déroulement du scrutin; exhortant ses compatriotes à «se rendre demain (aujourd'hui, Ndlr) aux urnes afin de voter pour la sécurité et la stabilité du Yémen». Selon le président de la Commission électorale, Yahya Mohammed al-Iriani, 103.000 militaires ont été mobilisés pour assurer la sécurité du scrutin. Plus de 12 millions de Yéménites devraient se rendre aux urnes, dont 2,2 millions de nouveaux votants par rapport aux dernières élections de 2006, a-t-il indiqué. Malgré le dispositif sécuritaire prévu, une explosion a endommagé hier un bureau de vote à Aden, principale ville du sud du Yémen, et des coups de feu ont été entendus peu après, lors d'un accrochage qui a opposé les forces gouvernementales et des hommes armés à Mansoura, un quartier de la ville, où des sudistes ont prévu un rassemblement de protestation contre l'élection. Un militaire a été tué et un autre blessé lorsque des hommes armés ont ouvert le feu sur une patrouille de l'armée. Quadrillée par les forces gouvernementales, déployées en force, au lendemain de l'arrivée de Sanaa de renforts, dont des blindés, selon des habitants, Aden continue de faire l'objet de violentes contestations. Les attaques contre les bureaux électoraux, qui se sont multipliées ces derniers jours, n'ont pas cessé: une roquette RPG a été ainsi tirée dimanche soir contre un centre électoral, sans faire de victime, à Khour Maksar, un quartier d'Aden, selon une source de sécurité. Dans les provinces voisines de Daleh et de Chabwa, les groupes sudistes sont aussi actifs: les organisateurs du scrutin n'ont pas réussi à faire parvenir les urnes dans des bureaux de vote de cinq villages de la province de Daleh, selon un responsable local. A Chabwa, les autorités ont eu recours à des dignitaires tribaux pour assurer l'arrivée des urnes dans certains villages de la province, a indiqué un responsable de la commission électorale. Le Mouvement sudiste, dont une partie réclame l'autonomie et la frange radicale l'indépendance pour le Sud, Etat indépendant jusqu'en 1990, et par les rebelles zaïdites, branche du chiisme, qui contrôlent une partie du nord du pays, a appelé au boycottage du scrutin d'aujourd'hui. Scrutin qui doit porter le vice-président Abd Rabbo Mansour Hadi, seul candidat en lice, à la tête de l'Etat; en vertu d'un accord de transition signé en novembre par le président contesté, Ali Abdallah Saleh après dix mois de manifestations populaires et sous une intense pression internationale. Mansour Hadi devrait être élu pour un mandat de transition de deux ans. Se trouvant aux Etats-Unis pour des soins, Ali Abdallah Saleh est toujours, officiellement, le président de la République du Yémen. Effectivement, Abdallah Saleh a acquis le droit de conserver le titre de président honorifique tout en transférant ses pouvoirs à compter d'aujourd'hui à son vice-président. Il évite aussi d'avoir à répondre de centaines de morts, tués par les forces de l'ordre dans les manifestations contre le pouvoir au cours des onze derniers mois de troubles dans le pays. Pour sa part, le futur président du Yémen, Mansour Hadi, qui a tendu la main aux autonomistes sudistes et à la rébellion nordiste qui boycottent son élection, s'est engagé à poursuivre la lutte contre Al Qaîda et à «détruire» le réseau extrémiste, a déclaré hier à Sanaa l'émissaire américain, John Brennan, conseiller du président Obama pour la sécurité nationale, qui a rencontré hier Abd Rabbo Mansour Hadi.