Les rebelles ont attendu l'appel du muezzin pour se faufiler près du barrage de l'armée syrienne et ont attaqué. Après un long combat, le barrage d'Anadane est détruit, huit chars saisis. La rébellion a pris le contrôle d'une voie d'accès stratégique à Alep. Quelques heures après les combats, les rebelles s'affairent pour récupérer munitions et armes. Un rebelle extirpe les obus d'un char et les donne à un autre qui les empile à l'arrière d'un pick-up. Le sol est jonché de douilles de tout calibre, kalachnikov et mitrailleuse lourde. Tout près, un camion de transport de troupes est encore fumant, les pneus fondus. Sous une grande tente où étaient garés des camions de transport de troupes, les rebelles vident des dizaines de caisses de munition et fouillent les affaires laissés par les soldats. Un combattant trouve un livre, "Le chef et le message", une biographie de Hafez al-Assad, le père du président Bachar al-Assad, qu'il déchire. La veille, dès l'appel du muezzin à rompre le jeûne de ramadan, Rifaat Khalil a ordonné l'assaut. "Nous avions 150 rebelles prêts à combattre, mais nous n'avons envoyé qu'une première vague de 50 hommes", explique ce lieutenant passé dans la rébellion. Ses combattants sont arrivés de tous les côtés et ont ouvert le feu à coups de roquettes, de mitrailleuses lourdes, de kalachnikovs. "On a arrêté 25 soldats et récupéré six corps, mais peut-être qu'ils en ont emporté d'autres en fuyant", ajoute l'officier de l'Armée syrienne libre (ASL). Les combats, violents, ont duré dix heures. A l'aube, les rebelles font les comptes: ils ont perdu quatre hommes mais saisi huit chars dont un seul hors d'état. "On va pouvoir les utiliser pour combattre à Alep", deuxième ville de Syrie dont l'armée régulière tente de reprendre le contrôle, lancent les rebelles en lâchant des rafales de kalachnikov en l'air. "Les soldats ont fui comme des rats", lance, rigolard, un rebelle. "Bachar, ne pars pas, on va t'attraper", lance un autre, assis sur des caisses de munition à l'arrière d'un pick-up où flotte le drapeau noir à lettres blanches des islamistes. "Cette victoire renforce la position des rebelles dans Alep, et si Dieu le veut, tous les rebelles vont se diriger vers Alep et libérer la ville des mains du gang d'Assad et des chabihas", les nervis du régime, estime le lieutenant Khalil.