Les rebelles syriens ont lancé vendredi avant l'aube deux opérations audacieuses en s'attaquant à des bâtiments des services de sécurité et de la défense aérienne à Alep, peu après une réunion du Conseil de sécurité axée sur le sort des réfugiés fuyant par milliers la guerre. Les combats dans les régions d'Alep et de Damas, les deux grands fronts de ce conflit, ne connaissent aucun répit, faisant chaque jour des dizaines de morts et poussant à la fuite des milliers de Syriens, dont nombre d'entre eux sont bloqués à la frontière avec la Turquie, débordée par leur afflux. Mais l'idée d'Ankara de créer des zones protégées en Syrie pour les réfugiés a été accueillie jeudi avec de fortes réserves et réticences au Conseil de sécurité de l'ONU en raison notamment des difficultés qu'il y aurait à assurer la sécurité et la protection d'une telle "zone tampon" en territoire syrien. Difficultés d'autant plus grandes que le Conseil de sécurité reste divisé sur le dossier syrien, la Russie et la Chine refusant "toute ingérence étrangère" pour forcer le départ du président Bachar al-Assad et ayant déjà mis à trois reprises leur veto à des résolutions condamnant le régime syrien. La France a de son côté proposé une aide matérielle et financière aux "zones libérées" par l'Armée syrienne libre (ASL) pour préparer l'après-Assad et inciter les Syriens voulant fuir à rester dans ces zones, selon le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius. Depuis le début du conflit en mars 2011, 25.500 Syriens, en majorité des civils, ont été tués selon une ONG syrienne, 2 millions de personnes ont dû fuir leur maison et les violences pour s'installer ailleurs dans le pays et des centaines de milliers d'autres se sont réfugiées principalement en Turquie et en Jordanie, mais aussi au Liban et même en Irak, selon des estimations de l'ONU. De nombreux Syriens devaient vendredi après la prière manifester comme chaque semaine depuis 17 mois contre le régime syrien, qualifié la veille d'"oppressif" et d'"illégitime" par le président égyptien Mohamed Morsi lors d'un discours pour le sommet des Non-Alignés à Téhéran, capitale du plus ferme allié de Damas. Le discours de M. Morsi a suscité la colère de la délégation syrienne présente au sommet qui a quitté la salle, mais a été salué à Washington.