Des rebelles soudanais utilisent un camp de réfugiés situé en territoire sud-soudanais comme base de repos et y recrutent des combattants, notamment des enfants, a affirmé mercredi à Juba Anne Richard, secrétaire d'Etat ajointe américaine. C'est la première fois qu'un haut responsable occidental dénonce publiquement la présence au Soudan du Sud, et notamment dans le camp de Yida, de combattants de la branche Nord du Mouvement de libération des peuples du Soudan (SPLM-N), qui combat le gouvernement de Khartoum dans les Etats soudanais du Kordofan-Sud et du Nil-Bleu. "Nous leur avons demandé (aux rebelles) de ne pas utiliser ce camp - censé être civil - comme base de repos et récupération ou pour le recrutement de soldats", a déclaré à la presse Mme Richard, secrétaire d'Etat adjointe chargée des Populations, des Réfugiés et des Migrations, rentrant d'une visite de Yida, situé dans l'Etat sud-soudanais d'Unité, à la frontière avec le Soudan."Nous avons particulièrement demandé qu'ils n'enrôlent pas d'enfants pour servir comme soldats de l'autre côté de la frontière", a-t-elle ajouté. Le SPLM-N combat le gouvernement soudanais depuis juin 2011 pour réclamer une plus grande autonomie du Kordofan-Sud et du Nil-Bleu. Il est formé d'anciens membres de l'ex-rébellion sudiste du SPLM qui affronta entre 1983 et 2005 l'armée soudanaise et dont les chefs sont au pouvoir à Juba depuis l'accès à l'indépendance du Soudan du Sud en juillet 2011. Les autorités soudanaises ont accusé à plusieurs reprises le Soudan du Sud de soutenir le SPLM-N et d'autoriser l'installation de bases arrières sur son sol, ce que Juba a toujours démenti, malgré les témoignages d'employés d'agences humanitaires. Mme Richard a estimé que le camp surpeuplé de Yida, où s'entassent plus de 60.000 réfugiés ayant fui la faim et les bombardements au Soudan, devrait être déplacé plus au sud afin de l'éloigner de la frontière. "Le camp de Yida a été bombardé il y a quelques mois, il y a beaucoup de mouvements de combattants dans cette zone frontalière", a-t-elle expliqué. "Selon les normes internationales, les camps de réfugiés sont censés être gérés par et pour les civils", a souligné Mme Richard.