Le Haut Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a condamné hier l'attaque aérienne menée contre un camp de réfugiés au Soudan du Sud, évoquant «un crime international». «Nous condamnons le bombardement», a déclaré aux médias un porte-parole du Haut Commissariat, Rupert Colville, soulignant que «l'attaque aérienne sur un camp de civils est une affaire sérieuse» et «pourrait être un crime international». Il a précisé que le Haut Commissariat avait «besoin de plus d'informations» pour savoir «ce qui s'est passé» et donner les noms des responsables. Parmi la liste des crimes internationaux figurent les crimes de guerre, les génocides ou encore les crimes contre l'humanité. Selon des responsables sud-soudanais, douze personnes ont été tuées jeudi dans un raid aérien mené par l'armée soudanaise contre un camp de réfugiés au Soudan du Sud. Mais ces chiffres n'ont pas pu être vérifiés par des sources indépendantes. Le Soudan du Sud accuse le Soudan d'avoir effectué ces bombardements jeudi contre le camp de réfugiés. Pour sa part, le Haut Commissariat de l'ONU aux réfugiés n'a pas hésité à titrer dans un communiqué «le HCR condamne le bombardement par le Soudan d'un camp de réfugiés dans la République du Soudan du Sud». «Plusieurs bombes larguées par avion dans la région de Yida ont eu un impact sur un camp temporaire qui abrite 20.000 réfugiés qui ont récemment fui la violence (...) au Kordofan-Sud», a déclaré aux journalistes un porte-parole du HCR, Adrian Edwards. «Deux des bombes sont tombées dans le camp de Yida, dont une près d'une école. Heureusement il n'y a pas eu de blessés dans le camp et nous vérifions la situation dans les communautés voisines», a-t-il rapporté. Un porte-parole de l'armée soudanaise a démenti toute attaque en territoire sud-soudanais. L'armée soudanaise mène depuis plusieurs mois des opérations meurtrières contre des rebelles au Kordofan-Sud et au Nil Bleu, deux Etats du Nord mais frontaliers du Sud et dont une partie de la population a combattu au côté des Sudistes pendant la guerre civile (1983-2005, 2 millions de morts). Khartoum accuse régulièrement le Soudan du Sud de soutenir ces rebelles, en les finançant ou en les accueillant sur son sol, ce que Juba dément. «Le HCR est préoccupé par l'escalade des tensions» dans cette région frontalière «où des centaines de milliers de civils ont été déplacés depuis juin», a souligné M.Edwards. Le porte-parole a indiqué que des rapports avaient fait état cette semaine de bombardements dans la région du Haut Nil au Soudan du Sud. «Environ 55.000 civils originaires des régions de Damazin et de Kourmouk seraient en partance vers la région du Nil Bleu au Soudan du Sud», a-t-il ajouté. «D'autres pourraient se déplacer vers l'Ethiopie où 30.000 Soudanais ont déjà trouvé refuge», a-t-il averti.