L'Egypte se préparait mardi à une journée sous tension, avec des manifestations des partisans de Mohamed Morsi et de ses détracteurs, sous l'oeil de l'armée chargée de préserver la sécurité jusqu'aux résultats du référendum controversé de samedi. La coalition de partis et mouvements islamistes, dont le parti des Frères musulmans, Liberté et Justice (PLJ) de M. Morsi, doit se retrouver à Nasr City, à moins de 2 km du palais présidentiel, vers midi (10H00 GMT). Grand absent, le parti Al-Nour, principale force salafiste du pays, a appelé à s'abstenir de manifester pour ne pas aviver les tensions. L'opposition, emmenée par le Front du salut national (FSN) présidé par le Prix Nobel de la paix Mohamed ElBaradei, compte défiler à partir de 16H00 (14H00 GMT) sur la Place Tahrir, haut lieu de la contestation dans le centre du Caire, et aux abords du palais présidentiel, dans la grande banlieue. Le FSN, qui rassemble des partis et groupes en majorité de tendance libérale et de gauche, a rejeté le référendum de samedi et le projet de Constitution soumis au vote. Pour lui, le texte ouvre la voie à une islamisation accrue de la législation et manque de garanties pour les libertés. "Mardi décisif", titrait le journal gouvernemental Al-Joumhouria qui parlait aussi d'un "nouveau bras de fer avant le référendum". De son côté Al-Wafd, organe du parti libéral du même nom, appelait à "refuser de donner toute légitimité à la Constitution du confessionnalisme et de la division". Les manifestations de mardi font craindre de nouveaux affrontements, après la mort dans la nuit de mercredi à jeudi derniers de sept personnes lors d'accrochages entre opposants et partisans de M. Morsi. Ce dernier a d'ailleurs pris un décret lundi par lequel l'armée retrouve le pouvoir d'arrêter des civils jusqu'aux résultats du vote. Ce droit très décrié rappelle la période où les militaires ont dirigé le pays, de la chute de Hosni Moubarak en février 2011 à l'élection de M. Morsi en juin 2012.