La presse du Maroc, allié principal de la France au Maghreb, a assuré tout au long de la semaine une couverture a minima et essentiellement factuelle de la visite du président français François Hollande en Algérie, voisin avec lequel les relations sont difficiles. Les frontières algéro-marocaines sont fermées depuis 1994 et les deux pays s'opposent sur la question du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole contrôlée par le Maroc, dont le plan d'autonomie est soutenu par Paris. Dans son édition de la semaine dernière, Maroc Hebdo titrait ainsi "Hollande chez les frères ennemis", et avançait que "la nouvelle présidence française" se trouvait "prise en tenaille dans la rivalité algéro-marocaine". Alors que les présidents français réservent d'habitude au Maroc la "primeur" de leur "première sortie maghrébine", "c'est l'Algérie qui l'a emporté cette fois-ci", notait l'hebdomadaire francophone. Quelques jours plus tard, le quotidien arabophone Akhbar al-Youm a dressé un portrait du président français sous la question: "Hollande +l'Algérien+?". Mais par la suite, les médias locaux n'ont accordé que peu de place à cette visite. Rarement présente en une, elle a souvent été évoquée de manière purement factuelle, sur la base de dépêches d'agence. Vendredi, au lendemain de son terme, elle était même totalement absente du quotidien Le Matin (officiel). Dans leurs pages internationales, l'Economiste et Le Soir Echos traitaient pour leur part du discours de M. Hollande devant le Parlement algérien, et en premier lieu de la reconnaissance de la colonisation comme "système profondément injuste et brutale". Le gratuit "Au Fait" consacrait aussi un encart à la question des visas, l'implantation en Algérie de Renault -déjà présente au Maroc- constituant en général le troisième point traité. Sur sa une, Le Soir Echos préférait mentionner un sondage réalisé en France sous le titre "Maghreb: le Maroc, pays préféré des Français". Seul Libération (socialiste) se montrait plus loquace et se félicitait que le président français ait réitéré, "en terrain miné", "la position de la France" sur le Sahara. La semaine dernière, le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault, en visite au Maroc, avait préparé le terrain en assurant que Rabat n'avait "rien à craindre d'un dialogue plus étroit" Alger-Paris.