L'émissaire international Lakhdar Brahimi a appelé jeudi à la formation d'un gouvernement de transition doté de pleins pouvoirs en Syrie avant la tenue d'élections, soulignant que le changement dans le pays, en proie à un conflit meurtrier depuis 21 mois, devait être "réel". L'opposition s'est dite ouverte à toute transition politique dès lors que le président Bachar al-Assad n'en faisait pas partie, une question épineuse sur laquelle M. Brahimi ne s'est pas clairement prononcé. Mais le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a estimé que les chances s'amenuisaient d'aboutir à une transition négociée et a mis en garde contre un "chaos sanglant". Les Syriens réclament "un changement réel et tout le monde comprend ce que cela veut dire", a affirmé M. Brahimi, sans évoquer le sort de M. Assad, au moment où Moscou démentait l'existence d'un accord avec Washington sur son maintien jusqu'à la fin de son mandat en 2014. L'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe a appelé de ses voeux "un gouvernement ayant tous les pouvoirs" durant la transition qui prendra fin avec des élections, sans en préciser l'échéance, une condition à laquelle l'opposition s'est dite ouverte si en sont exclus "la famille Assad et ceux qui ont fait du mal au peuple syrien". La France a également estimé que M. Assad, "qui porte la responsabilité des 45.000 victimes de ce conflit, ne (pouvait) faire partie de la transition politique". M. Brahimi, qui n'a encore pas obtenu l'assentiment de Damas ou de l'opposition à une sortie de crise, a assuré qu'il n'avait aucun "projet complet" pour le moment, menaçant toutefois de recourir au Conseil de sécurité de l'ONU, jusqu'à présent paralysé par les veto russe et chinois à toute résolution condamnant Damas. Le médiateur a de nouveau évoqué l'accordásur les principes d'une transition en Syrie adopté le 30 juin à Genève par le Groupe d'action sur la Syrie. Pour lui, il y a dans ce texte "suffisamment d'éléments pour négocier une sortie de crise au cours des prochains mois".