Le Mali portera "une riposte cinglante et massive" à ses "ennemis", a déclaré son président par intérim Dioncounda Traoré dans un message à la Nation vendredi soir, alors que l'armée malienne est engagée dans une offensive contre des groupes islamistes contrôlant une partie du pays. "Je l'ai dit et répété, la guerre n'est pas notre choix. Notre choix, c'est la paix, encore la paix et toujours la paix. Mais on nous impose la guerre. Nous porterons une riposte cinglante et massive à nos ennemis", a dit M. Traoré. L'armée malienne a déclenché vendredi matin, avec notamment l'appui de la France, une offensive contre les islamistes pour reprendre la localité de Konna (centre) prise la veille par les islamistes armés, qui ont promis de progresser vers les régions plus au sud, dont la capitale, Bamako. "En ces heures graves, en accord avec la Cédéao (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest), j'ai sollicité et obtenu l'appui aérien de la France dans le cadre de la légalité internationale", a déclaré le président Traoré. "La situation sur le front est globalement sous contrôle. Courageusement, nos forces armées, les fils de ce pays font face à la situation. Au prix de leur sang, au prix de leur vie, ils défendent la patrie menacée", a-t-il assuré, sans plus de détails. Il a exhorté ses compatriotes à l'unité: "Face aux derniers développements sur le théâtre des opérations, je n'ai d'autre choix que de sonner la mobilisation générale autour de la grande armée malienne pour faire obstacle, au prix du sacrifice ultime s'il le faut, à ce projet criminel", en référence à l'avancée des islamistes. En 2012, le nord du Mali est devenu un sanctuaire pour les groupes islamistes armés dont Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et Ansar Dine, qui l'occupent totalement, ainsi qu'une partie de la région de Mopti (centre), où ils se sont emparés jeudi d'une nouvelle localité après de violents affrontements avec l'armée malienne. Les militaires maliens ont fait état de morts dans les deux camps, sans préciser de bilan. Les Maliens doivent "faire face, dans un élan patriotique, à la guerre que les ennemis de notre patrie nous imposent", chacun "doit désormais se considérer comme un soldat de la patrie et se comporter comme tel" et "tous les services publics devront mettre à la disposition de l'armée sans délai tous les véhicules pick-up utilisables sur le terrain", a poursuivi le président Traoré. Selon lui, à la demande de plusieurs organisations et partenaires du Mali, Bamako a tendu la main aux groupes armés, avec comme préalables le rejet de la partition du pays, le respect de la République et de la laïcité de l'Etat, sans succès. Plusieurs mois durant, "nous avons exploré laborieusement les voies et moyens susceptibles de parvenir à des compromis dynamiques avec les groupes armés, mais en insistant sur le fait que ces compromis ne pourraient en aucun cas remettre en cause" les préalables fixés, "peine perdue!", a-t-il lancé. Les groupes armés islamistes, qui prônent l'application de la charia (loi islamique) au nom de laquelle ils commettent diverses exactions, "sont restés sourds à nos offres de dialogue, ils veulent étendre leur projet criminel à l'ensemble de notre pays", a-t-il dit. Il a exprimé la solidarité "de la Nation tout entière" aux populations vivant dans les zones occupées et les théâtres d'opérations militaires. "Je voudrais leur renouveler notre engagement et notre détermination sans faille à abréger leur martyre. (...) Nous ne pouvons et ne saurions nous dérober à ce devoir", a-t-il conclu.