L'opposition mauritanienne a lancé samedi un appel à constituer un "front uni" contre la guerre au Mali, dénonçant la position du président Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a récemment apporté son soutien à l'intervention militaire de la France. "L'étincelle de cette guerre ne peut qu'atteindre la Mauritanie et la meilleure manière d'y faire face, c'est de construire un front intérieur uni et fort", a déclaré Ahmed Ould Daddah, chef de file de l'opposition mauritanienne, lors d'un point de presse. "Les airs et quelques aéroports de notre pays sont utilisés dans cette guerre", a dénoncé le responsable politique, qui a aussi condamné "les échanges de renseignements militaires et sécuritaires", avec les pays intervenant au Mali."Ceci est illégal et constitue une décision unilatérale" du président mauritanien, qui "devait en référer au Parlement", selon Ahmed Ould Daddah. Le président mauritanien a exclu de participer à la force africaine en cours de déploiement pour prendre le relais des troupes françaises au Mali, mais il a indiqué que son armée riposterait à toute attaque en Mauritanie. Mohamed Ould Abdel Aziz avait cependant apporté un net soutien à l'intervention militaire française et africaine au Mali dans un discours le 7 février lors du sommet de l'Organisation de la coopération islamique (OCI). "Sans cette intervention", qui a mis fin à une "occupation illégale, les extrémistes auraient conquis tout le territoire malien, mettant dangereusement en péril la sécurité et la stabilité de plusieurs pays de la sous-région", avait affirmé le chef d'état mauritanien. "Une telle intervention militaire constitue la première initiative d'envergure, prise par la communauté internationale, en vue de mettre fin à plus d'une décennie de prises d'otages, de violences aveugles, de culture de la haine, au sein d'une population dont les différentes composantes ont cohabité depuis plus d'un millénaire, dans une symbiose exemplaire", avait-il ajouté. Ancien général putschiste élu en 2009, Mohamed Ould Abdel Aziz mène une politique très active contre Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), un des groupes qui a contrôlé le nord du Mali. Il avait notamment ordonné des raids contre des bases d'Aqmi au Mali en 2010 et 2011. La Mauritanie a aussi renforcé ses patrouilles militaires aux frontières avec le Mali afin de tenter d'empêcher toute infiltration de combattants islamistes sur son territoire. Le Mauritanie et le Mali partagent une frontière commune de plus de 2.000 km.