Les journaux tunisiens étaient sévères mardi avec l'Assemblée nationale constituante (ANC), certains estimant qu'elle avait raté "un rendez-vous avec l'Histoire" lors du premier débat la veille sur la future Constitution du pays qui a dégénéré en invectives. Le premier quotidien francophone du pays, La Presse, relevait ainsi en Une qu'après plus d'un an et demi de travaux pour rédiger le projet de loi fondamentale, "l'ANC manque un rendez-vous avec l'Histoire". Alors que la finalisation du texte a été repoussée sans cesse, au nom de la recherche d'un compromis, depuis la date limite d'octobre 2012 initialement fixée, le "consensus (se termine) en queue de poisson". "Nous aboutissons à une bataille rangée en direct au lieu d'un texte fondamental consensuel", relève ce journal qui lors de la séance solennelle de la veille n'a vu que "les égos et les brouillages d'alliances". Le quotidien le Temps constate que "ça a bardé d'emblée" entre d'une part des opposants laïques qui par leurs cris ont empêché le rapporteur de la Constitution, Habib Kheder, de s'exprimer, et d'autre part certains responsables du parti islamiste au pouvoir, Ennahda, qui insultaient leurs détracteurs. "Cette première journée de discussions a été entamée par un dialogue de sourds", note ce journal, y voyant un "prélude difficile pour la Constitution". Le premier débat sur le projet de Constitution a été obstrué par l'opposition lundi qui reproche au rapporteur du texte d'y avoir inclus de manière discrétionnaire des dispositions controversées. Une partie de la société civile et de l'opposition considèrent que le texte ne garantit pas suffisamment les libertés, l'indépendance de la justice et ne mentionne pas assez clairement l'égalité des sexes. Cependant, sur la partage des pouvoirs --notamment entre le président et le chef du gouvernement-- un consensus assez large semble exister. Le débat doit reprendre mardi matin et pourrait durer plusieurs jours, 170 élus ayant demandé à prendre la parole. L'adoption d'une Constitution permettrait de mettre en place des institutions pérennes, deux ans et demi après la première révolution du Printemps arabe et la fuite du président Zine El Abidine Ben Ali. Elle doit cependant recueillir le soutien des deux-tiers des 217 députés pour éviter la tenue d'un référendum et permettre des élections avant la fin de l'année.