Des milliers de partisans du président islamiste déchu Mohamed Morsi commençaient à grossir les rangs vendredi sur deux places du Caire où la police menace d'intervenir, tandis que des émissaires étrangers tentaient d'ultimes médiations pour éviter un bain de sang. Jeudi, une déclaration du secrétaire d'Etat américain John Kerry, a alimenté la tension sur les places Rabaa al-Adawiya et al-Nahda, occupées depuis plus d'un mois par des milliers de partisans des Frères musulmans, l'influente confrérie dont M. Morsi est issu. M. Kerry a en effet estimé que les militaires qui ont déposé le 3 juillet le premier président égyptien élu démocratiquement avaient en fait "rétabli la démocratie". Les Etats-Unis, qui donnent chaque année environ 1,3 milliard de dollars à l'armée égyptienne, se sont gardés, comme le reste des puissances occidentales, de qualifier de coup d'Etat l'intervention des militaires à la suite de manifestations massives des opposants à M. Morsi. Ces derniers reprochaient aux Frères musulmans d'accaparer tous les pouvoirs et de ruiner une économie déjà exsangue. "Des millions et des millions de gens ont demandé à l'armée d'intervenir. Tous avaient peur d'une descente dans le chaos et la violence", a commenté jeudi M. Kerry. "Et l'armée n'a pas pris le pouvoir, d'après ce que nous pouvons en juger, jusqu'à présent. Pour conduire le pays, il y a un gouvernement civil. En fait, elle rétablissait la démocratie". Il y a un mois, le commandant en chef de l'armée, ministre de la Défense et nouvel homme fort du pays, le général Abdel Fattah al-Sissi, avait annoncé la destitution de M. Morsi, détenu au secret depuis.