Le parquet de Bahreïn a ordonné l'arrestation d'un chef de l'opposition chiite sous l'accusation d'incitation à la violence, une mesure dénoncée mercredi par son mouvement qui a accusé le régime d'"escalade dangereuse". Khalil Marzouk, conseiller politique du chef du principal groupe de l'opposition chiite, Al-Wefaq, cheikh Ali Salmane, a été interrogé mardi par le parquet qui a ensuite décidé de le placer "en détention pendant 30 jours (...) sous l'accusation d'incitation et apologie au terrorisme"", selon un communiqué du ministère publié à Manama. L'opposant a été interrogé sur ses "liens avec le groupe terroriste, le Collectif du 14 février" et son "soutien à ce groupe" interdit, et pour avoir prononcé des discours dans des forums ayant "incité à commettre des actes terroristes", le dernier en date remontant au 6 septembre à Saar près de Manama, a ajouté le communiqué. "En présence de son avocat, il a été confronté aux enregistrements et preuves retenues contre lui", a souligné le parquet pour justifier l'arrestation de l'opposant. Al-Wefaq a dénoncé, dans un communiqué, "une escalade dangereuse" en estimant que M. Marzouk avait été pris "en otage par une décision politique du régime". Il a rejeté comme "infondées" les accusations retenues contre l'un de ses chefs. Khalil Marzouk figurait parmi les 18 élus d'Al-Wefaq, qui avaient démissionné en février 2011 de la chambre, formée de 40 membres, pour protester contre la répression du mouvement de contestation, déclenché quelques jours auparavant. En juin 2013, les autorités avaient annoncé avoir démantelé le Collectif du 14 Février, un groupe qui anime la contestation sur les réseaux sociaux, et arrêté ses chefs qu'elles accusaient d'être responsables de violences ayant secoué le royaume dirigé par une monarchie sunnite. Confronté à la persistance de la contestation chiite, le pouvoir avait alourdi les peines pour les auteurs de violences et introduit la peine de mort ou la prison à perpétuité en cas de morts ou de blessés. Petit royaume du Golfe dirigé par la monarchie sunnite des Al-Khalifa, Bahreïn est secoué depuis février 2011 par un mouvement de contestation animé par la majorité chiite qui réclame une monarchie constitutionnelle.