La presse tunisienne se montrait dubitative vendredi à la veille du lancement d'un "dialogue national" entre la coalition au pouvoir dirigée par les islamistes d'Ennahda et l'opposition pour sortir de la crise déclenchée après l'assassinat d'un opposant en juillet. "Les Tunisiens sont aujourd'hui suspendus aux lèvres des acteurs politiques , protagonistes du dialogue national... ce dialogue aboutira-t-il à une solution salvatrice?", s'interroge le journal francophone Le Quotidien. "On a bien l'impression d'assister à un feuilleton mexicain mais sans l'eau de rose", moque le journal après deux mois de péripéties politiques et de bras de fer entre pouvoir et opposition sur une éventuelle démission du gouvernement. Le "dialogue national" qui débute samedi "représente le dernier espoir pour sortir de cette impasse", écrit de son côté le quotidien arabophone le Maghreb qui appelle les politiques "à travailler en laissant de côté leurs intérêts partisans étroits pour hisser haut le drapeau de la nation". "Enfin ils se sont mis d'accord pour être d'accord" sur la tenue de négociations, titrait ironiquement en Une le quotidien arabophone Achourouk. L'opposition comme les islamistes disent avoir accepté une feuille de route préparée par les médiateurs --l'UGTT, le patronat Utica, la Ligue tunisienne des droits de l'Homme et l'Ordre des avocats-- pour sortir de la crise politique provoquée par l'assassinat le 25 juillet du député Mohamed Brahmi. Ce document prévoit que dès la première réunion du "dialogue national", le gouvernement dirigé par Ennahda annonce qu'il sera remplacé sous trois semaines par un cabinet d'indépendants dont les membres seront choisis par consensus lors des pourparlers. Parallèlement, les acteurs politiques devront se mettre d'accord pour que l'ANC approuve dans un délai d'un mois une loi et une commission électorale, fixe le calendrier des scrutins à venir et adopte la Constitution dont l'élaboration est en panne. L'ensemble de ces questions font l'objet de profondes dissensions entre partisans et détracteurs des islamistes, empêchant la mise en place d'institutions stables plus de deux ans et demi après la révolution de 2011 et près de deux ans après l'élection de l'ANC.