« J'ai toujours peur d'être injuste envers les candidats...je lis et relis les feuilles, souvent, plusieurs fois. De temps en temps, lorsque je me sens stressé, je quitte la salle de correction pour griller une clope puis je reprend la correction ». Lui, c'est le professeur, correcteur Hattab Ahmed, qui a passé 10 jours au centre de correction « Saint Augustin » à Annaba. Nous avons pris contact avec le correcteur Ahmed Hattab hier matin, aux environs de dix heures, afin de réaliser un reportage sur la période qu'il avait passé au centre de correction, depuis le premier jour et jusqu'au dernier lorsqu'il a remis les dernières copies corrigées. Ce dernier n'a pas hésité un instant à répondre à nos questions. Il nous parla en toute spontanéité. La chose la plus importante qui le marqua pendant toute cette période, nous dit-il, c'est cet esprit d'équipe qui caractérisa l'atmosphère dans le centre de correction lors de cette session 2009 du baccalauréat. « Avant, nous n'étions que des correcteur, nous recevions les instructions des inspecteurs que nous étions tenu de respecter et d'appliquer à la lettre. Cette année, pour le baccalauréat session 2009, nous étions surpris du changement. Nous sommes devenus correcteurs et responsables du centre en même temps. Nous partageons tous ensemble les responsabilités ». J'ai corrigé 400 copies et 120 copies ont été corrigées trois fois. Ce n'était pas la première fois que le professeur de philosophie, Hattab Ahmed rentre dans un centre de correction. Il a acquis une longue expérience dans le domaine de la correction des copies du baccalauréat. Bien qu'il soit ancien, Hattab a toujours peur d'être injuste envers les candidats. « Ce n'est pas la première fois que je rentre dans un centre de correction, l'expérience m'a appris beaucoup de choses ; je n'ai jamais raté une session et j'ai toujours répondu présent lorsqu'on me convoque pour participer à la correction des feuilles d'examens depuis 1992. Je n'ai raté que les sessions 2004 et 2005 lorsque le syndicat du Cnapest, dont je suis membre, avait boycotté la correction des examens du Bac en ces périodes là ». Ahmed nous confie que pendant les 10 jours de correction, il a corrigé 400 copies, la meilleure note qu'il a donnée était 14 sur 20 et la plus mauvaise 2 sur 20. 120 ont été corrigées trois fois sur les 3200 copies de la filière lettres et langues étrangères, et ce, après avoir accusé un écart de plus de quatre point entre la première et deuxième correction. « La responsabilité assumée par le correcteur est très lourde de peur d'être injuste envers les candidats, nous confie-t-il. Je fume trois cigarettes par jour et la note de la philo n'est pas éliminatoire Le professeur de philosophie ne cache pas son inquiétude face aux copies des candidats qui répondent sur le texte (analyse de texte). Malgré sa longue expérience, la panique le prend toujours dans de pareilles circonstances. « Des fois, je me trouve devant des cas de copies où les candidats répondent sur le texte (analyse de texte). Je lis et relis les réponses plusieurs fois, afin d'être juste envers le candidat. Lorsque je me sens stressé, je quitte carrément la salle pour fumer une cigarette. Malgré que je sois un fumeur, je ne fume que trois cigarettes pendant la période de correction. « Le 30 juin, j'étais libre et j'ai su que les copies que j'avais corrigés n'étaient pas celle des candidats de Annaba. J'étais libre le trente juin, dernier jour de correction. J'ai corrigé 400 copies tout en étant certain d'avoir été juste envers les candidats dont j'avais corrigé les copies. Je savais dès le début que les copies que j'avais corrigées n'étaient pas celles des candidats annabis, mais d'autres candidats d''une autre wilaya ». J'avais prédit un taux de réussite inférieur à 46% Sur une question relative au taux de réussite au baccalauréat session 2009, Ahmed nous confie qu'il avait prédit un taux inférieur à celui réalisé cette année (46%). « J'ai enseigné et corrigé la philosophie et j'ai vu qu'il y avait un grand écart entre le niveau des candidats au baccalauréat 2008 (ancien système) et ceux de cette année avec le nouveau système qui leur a offert une seconde chance. Ceci s'est répercuté sur les résultat de l'examen ».