La justice a ordonné dimanche la libération d'une figure du mouvement laïc en Egypte et la prolongation de la détention d'un autre militant en vue arrêté en vertu d'une loi interdisant les manifestations non autorisées, selon des sources judiciaires. La justice a ordonné la libération d'Ahmed Maher, fondateur du mouvement du 6-Avril fer de lance de la révolte de 2011, et prolongé de 15 jours la détention de Alaa Abdel Fattah, accusé d'avoir organisé une "manifestation illégale", "provoqué une émeute", "frappé un officier de police et volé son émetteur radio". M. Abdel Fattah, déjà inquiété sous le régime de Hosni Moubarak puis sous la junte militaire qui a assuré l'intérim après son départ lors de la révolte de 2011, a été arrêté à son domicile jeudi soir et son épouse a affirmé avoir été "frappée" lors de cette interpellation musclée. La prolongation de sa détention, "pour les besoins de l'enquête", intervient au moment où la Constituante examine des articles attribuant à l'armée des pouvoirs exorbitants du droit commun, notamment le droit de juger des civils, contre lequel M. Abdel Fattah avait manifesté mardi. Ce jour-là, une soixantaine de manifestants avaient été arrêtés, dont une quinzaine de militantes parmi les plus connues du pays, elles avaient ensuite été relâchées sur une route désertique hors du Caire au beau milieu de la nuit. Vingt-quatre autres manifestants ont été gardés en détention et ont écopé dimanche avec M. Abdel Fattah de 15 jours supplémentaires, selon ces sources. M. Maher, lui, s'était rendu à la justice samedi. Les sources judiciaires ont précisé qu'en dépit de sa libération, il devait toujours répondre de l'organisation d'une manifestation "illégale". Dimanche, le président par intérim Adly Mansour a promulgué une loi autorisant la police à disperser par la force toute manifestation n'ayant pas obtenu l'aval des autorités et obligeant les organisateurs à informer les autorités trois jours avant la tenue d'un rassemblement. Avec cette loi, le gouvernement intérimaire dirigé de facto par l'armée depuis la destitution du président islamiste Mohamed Morsi a ouvert un nouveau front, adjoignant à sa répression sanglante des islamistes, un bras de fer avec les mouvements laïcs de la jeunesse.