ALGER - La presse nationale a poursuivi dimanche ses commentaires sur l'affaire de l'assassinat des sept moines à Tibhirine (Médéa), qualifiant le témoignage du général français à la retraite François Buchwalter de "résurrection loupée du qui tue qui?". Affirmant que la version sur leur assassinat, rapportée par Buchwalter, "signe incontestablement l'épilogue de la hargneuse campagne des lobbies français pour le (qui-tue-qui ?)" en Algérie, le Soir d'Algérie a qualifié le témoignage de Buchwalter sur l'affaire des moines de Tibhirine de "résurrection loupée du (qui-tue-qui?)". Le journal a relevé que les "médias français qui, par le passé, rivalisaient dans la promotion des thèses travaillant à créditer le fameux (qui-tue-qui ?), n'auront, avec les réminiscences mémorielles, les ouie-dires de Buchwalter, réussi qu'une campagne poussive". "Les babillages de l'ancien attaché de défense à l'ambassade de France à Alger qui, treize ans après, s'est dit découvrir une conscience torturée, ont raté de constituer cette matière bannie dont raffole la presse de l'Hexagone solidement rivée au milieu des qui-tue-quistes", ajoute le Soir d'Algérie. Dans un autre article, le même journal explique que le général français à la retraite "n'a certainement pas choisi ce moment précis de manière fortuite" pour "divulguer" un témoignage sur l'assassinat des moines de Tibhirine, soulignant que "ses propos, ajoutés à ceux de plusieurs responsables français, à leur tête le chef de l'Etat français, ne peuvent qu'être assimilés à une ouverture des hostilités en bonne et due forme". El-Watan rapporte, de son côté, une réaction de l'amiral français Jean-François Coustillière sur les déclarations du général Buchwalter, dans laquelle il présente deux lectures possibles à propos de la relance de cette polémique, treize années après. L'amiral Jean-François estime que "d'une part, il est possible que ce sont les courants anti-Chirac qui veulent remettre en cause certaines des décisions qui ont été prises à l'époque de l'ancien président Jacques Chirac. D'autre part, il est possible aussi que ce soit le courant anti-algérien qui en est à l'origine de cet objectif de provoquer la dégradation des relations algéro-françaises (...)". Le quotidien a aussi publié une synthèse d'un communiqué du Parti communiste français (PCF), rendu public et intitulé "En finir avec les polémiques sur la tragédie du massacre des moines de Tibhirine". Le PCF estime que ni "les relations franco-algériennes ni la vérité ne sortiront indemnes de cette nouvelle polémique sur les responsabilités et les culpabilités dans cette tragique affaire". Le texte considère "insupportable" ces "thèses et contre-thèses sur l'identité des tueurs", retournant par ailleurs vers "le passé lourd que refuse (la France officielle), depuis tant d'années, à reconnaître et assumer vraiment les crimes de la colonisation". Le PCF souligne qu'"il revient à la France de faire actes nécessaires pour contribuer à en sortir et à rétablir des relations franco-algériennes normales" et propose la création d'un comité d'historiens qualifiés, algériens et français, désigné d'un commun accord pour examiner toutes les questions liées à la colonisation. Echourouk El-Yaoumi, quotidien arabophone, a publié des témoignages du moine Robert amis des sept moines assassinés résidant à Médéa depuis près de 40 ans, dans lequel il a relaté les faits de l'enlèvement des victimes par des terroristes et s'est interrogé sur les raisons qui ont incité le général Buchwalter à "mettre tout ce temps pour "enfin réagir". Le moine Robert s'est aussi demandé si les déclarations du général français à la retraite "n'auraient pas une relation avec le passé narcissique et rancunier des généraux français ayant mené la guerre contre l'Algérie, le Front de libération nationale et son armée où il s'agirait juste d'un éveil de conscience.