ANKARA - Israël est en passe de "perdre son seul ami" dans la région, la Turquie, après le raid israélien meurtrier lundi contre une flottille internationale d'aide pro-palestinienne, a indiqué au téléphone le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan à Barack Obama. Les deux hommes qui se sont parlés mardi soir, ont évoqué la situation après l'assaut par les forces israéliennes d'une flottille d'aide humanitaire destinée à Ghaza, ont annoncé mercredi les services de presse de M. Erdogan. "Israël est menacé de perdre son seul ami dans la région qui a le plus contribué à la paix régionale", a dit M. Erdogan au président américain, selon un communiqué en ligne. M. Erdogan dont le gouvernement islamo-conservateur a renoué avec le monde arabe, a affirmé qu'Israël occupera au Proche-Orient une place qui "dépendra de ses actions futures", souligne le texte. Un commando israélien a lancé lundi dans les eaux internationales un assaut contre une flottille acheminant des centaines de militants pro-palestiniens et de l'aide vers l'enclave palestinienne soumise à un blocus israélien. Selon l'armée israélienne, 9 passagers ont été tués et 7 soldats blessés à bord du ferry turc Mavi Marmara, le plus grand des six bateaux, qui transportait 600 personnes. Au moins quatre Turcs ont été tués, a-t-on précisé de source turque. Sur les plus de 650 passagers de la flottille, les plus nombreux étaient les Turcs. Tout en répétant le soutien des Etats-Unis à "une enquête digne de foi, impartiale et transparente sur les faits de cette tragédie", M. Obama a insisté, selon la Maison Blanche, sur "l'importance de trouver de meilleures façons d'apporter une aide humanitaire aux habitants de Ghaza sans saper la sécurité d'Israël". Plus tôt mardi, M. Erdogan s'en était vivement pris à Israël pour son opération militaire qu'il a qualifiée de "massacre sanglant", exhortant la communauté internationale à "punir" l'Etat hébreu. Les relations entre la Turquie et Israël, jadis alliés stratégiques, sont au plus bas après le raid. Ankara a dénoncé lundi un acte de "terrorisme d'Etat" et rappelé son ambassadeur en Israël.