BRUXELLES - La victime d'un prêtre pédophile belge dont le témoignage auprès d'une commission d'enquête a été saisi avec des centaines d'autres par la police, a décidé de sortir de l'anonymat pour contrôler l'usage que la justice fera de son dossier, a indiqué mardi le quotidien De Standaard. Ce sociologue de 63 ans, Jan Hertogen, avait témoigné sous le sceau de la confidentialité auprès d'une commission mise en place par l'Eglise pour recenser les actes de pédophilie commis par des membres du clergé. Il avait raconté les abus sexuels qu'il avait subis lorsqu'il participait à des mouvements de jeunesse catholique. Mais la police belge a saisi le 24 juin les quelque 450 dossiers que la commission détenait au cours de perquisitions effectuées sur mandat du parquet de Bruxelles. Ce qui a poussé la commission à annoncer lundi sa démission collective. Mécontent lui aussi de cette initiative judiciaire, M. Hertogen a préféré sortir de l'anonymat, et s'est signalé lundi auprès du parquet de Bruxelles comme "personne préjudiciée", ce qui lui permettra d'être informé de ce que le juge d'instruction fera de son dossier, a-t-il expliqué au Standaard. "J'appelle toutes les victimes à faire la même chose", a indiqué M. Hertogen au journal néerlandophone. "C'est le seul droit dont nous disposons encore. Cela oblige la justice à tenir compte de nous, les victimes", a-t-il ajouté. Vu l'ancienneté des faits, son affaire est prescrite, et il ne souhaitait pas que la justice en soit informée. La commission s'était engagée à porter à la connaissance de la justice les cas les plus graves, encore passibles de poursuites, dès qu'elle aurait considéré son travail comme achevé. Mais la justice belge semble en avoir décidé autrement, dans la crainte apparente que l'Eglise belge veuille étouffer les affaires les plus sensibles.