SANAA - Cinq membres des forces de sécurité ont été tués lors d'un affrontement dans le nord de Sanaa entre la police et une unité de l'armée ralliée à la contestation, alors que des tirs de la police sur des manifestants à Aden (sud) ont fait deux morts mercredi. A Jawlat Amrane, à la sortie nord de Sanaa, des policiers ont attaqué dans la nuit de mardi à mercredi à l'arme automatique et à la roquette antichar un barrage de l'armée, selon une source militaire dissidente. Mais le ministère de l'Intérieur a affirmé, dans un communiqué, que ce sont les militaires qui ont attaqué une position de la police et qu'il n'y a eu durant l'attaque que des blessés parmi les policiers. Selon la source militaire dissidente, le barrage est tenu par des soldats de la première division blindée dont le commandant, le général Ali Mohsen al-Ahmar, avait annoncé le 21 mars rejoindre le mouvement de contestation contre le président Ali Abdallah Saleh. Un officier de l'armée et quatre policiers ont été tués, et deux soldats blessés, selon la source militaire. Le ralliement à la contestation du général Ahmar, qui commande la région nord-est dont fait partie la capitale, Sanaa, avait porté un coup dur au président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans. Le Yémen est depuis fin janvier le théâtre de manifestations contre le régime du président Saleh, qui ont fait plus de 100 morts. Mercredi matin, deux manifestants ont par ailleurs été tués par l'armée à Aden, principale ville du sud du Yémen, selon des sources médicales et des témoins. Selon les témoins, l'armée a ouvert le feu sur des jeunes gens qui plaçaient des barils au milieu de la chaussée dans le quartier de Mansoura pour paralyser la circulation mercredi, afin de faire respecter un appel à la grève générale. Un manifestant a été tué par balles et quatre autres blessés dans ce quartier. Le deuxième manifestant a été tué par balles dans le quartier de Moualla, où les habitants ont affirmé entendre des tirs nourris. Il s'agit des premiers morts à Aden, ville à la point de la contestation contre le régime, depuis le 13 mars. De nombreuses personnes avaient été tuées lors de la dispersion violente de manifestations fin février et début mars. Les manifestants ont lancé des appels à la grève générale mercredi à Sanaa, Aden et d'autres villes du pays.