SANAA - Un manifestant et un policier ont été tués mercredi au Yémen, portant à huit depuis mardi le nombre de victimes de la répression des manifestations contre le régime, et de nouveaux appels à protester ont aussitôt été lancés par l'opposition. Les monarchies du Golfe ont pour le moment échoué à trouver une solution pour sortir de la crise, de même que le conseil de sécurité de l'ONU à se mettre d'accord sur une déclaration commune. Pour dénoncer la poursuite de la répression meurtrière et rappeler l'exigence du départ immédiat du président Ali Abdullah Saleh, le comité d'organisation des manifestations a appelé à de nouvelles marches ce mercredi. A l'aube, un motard a ouvert le feu contre des protestataires qui dormaient sur le lieu d'un sit-in permanent à Hodeïda, sur la mer Rouge, faisant un mort et huit blessés légers, selon les organisateurs. Il a réussi à s'échapper. A Aden, dans le sud, un policier a été tué et trois autres blessés par les tirs de manifestants hostiles au régime, ont indiqué des sources de sécurité et médicale. Les tirs ont éclaté après que des forces de sécurité ont entrepris d'encercler le quartier Saada (Bonheur) d'Aden. Des manifestants armés ont ouvert le feu avec des armes automatiques, ont affirmé ces sources, en faisant également état de trois blessés civils. Malgré leur inquiétude sur la situation au Yémen, où les violences ont fait plus de 130 morts depuis le début de la contestation fin janvier, les monarchies du Golfe ne parviennent pas à trouver une sortie de crise. Les chefs de la diplomatie du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ont eu mardi soir à Abou Dhabi une nouvelle réunion, cette fois avec une délégation du régime yéménite. Mais dans un bref communiqué publié à l'issue de la réunion, ils se sont contentés d'indiquer que le dialogue avait "reflété la volonté des deux parties de parvenir à une solution qui réponde aux aspirations du peuple yéménite". Le porte-parole de la délégation yéménite, Ahmed bin Dagher, a déclaré à la presse que toute issue devait passer par le respect de la constitution. Or le mandat du président Saleh court normalement jusqu'en 2013. Dimanche, les ministres du CCG --Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Bahreïn, Oman, Qatar et Koweït--, avaient rencontré à Ryad une délégation de l'opposition parlementaire yéménite. Cette dernière avait insisté sur un départ immédiat de M. Saleh. Même impasse à l'ONU, où le Conseil de sécurité, qui s'est réuni mardi soir pour la première fois sur la situation au Yémen, n'a pas pu se mettre d'accord sur une déclaration commune. Un texte rédigé par l'Allemagne et le Liban a été bloqué par une minorité. "Il y a eu un appel à la retenue et nous avons entendu des informations inquiétantes sur le Yémen", a dit aux journalistes Susan Rice, ambassadrice des Etats-Unis à l'Onu, rappelant le soutien du conseil à la médiation du CCG. "Nous avons signifié notre inquiétude au sujet de la situation qui se dégrade au Yémen et nous avons appelé à la retenue et au dialogue", a expliqué Peter Wittig, l'ambassadeur allemand à l'ONU. Mardi, cinq manifestants avaient déjà été tués par balles à Sanaa lors de la dispersion par la police d'une marche. Un passant avait été mortellement atteint par balle à Taëz (sud-ouest). Des centaines d'autres manifestants avaient été suffoqués par l'usage massif de gaz lacrymogènes, selon une source médicale.