La crise politique au Yémen se trouvait hier dans une impasse au lendemain d'une rencontre sans résultat apparent entre l'opposition, qui continue d'exiger un départ immédiat du président Saleh, et des médiateurs du Golfe. «L'opposition a réussi à exposer son point de vue» concernant un départ «immédiat» du chef de l'Etat et «les monarchies du Golfe doivent réaliser que le maintien de Ali Abdallah Saleh au pouvoir porte préjudice à leur stabilité», a déclaré hier un porte-parole de l'opposition, Mohamed al-Sabri. Les ministres des Affaires étrangères des six monarchies du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ont reçu dimanche soir à Riyadh une délégation de l'opposition parlementaire yéménite, le Forum commun, sans annoncer de percée dans leur médiation, offerte début avril en vue d'une sortie de crise au Yémen. Le départ de M.Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, est la principale revendication du mouvement de protestation sans précédent entamé fin janvier dans la foulée des révoltes populaires qui secouent le monde arabe. La répression de ce mouvement a fait plus de 125 morts. Hier, 45 manifestants ont été blessés, dont 12 par balle, lorsque les forces de sécurité sont intervenues pour disperser une marche estudiantine à Hodeïda, sur la mer Rouge, ont indiqué des sources médicales. Des heurts ont opposé les jeunes protestataires anti-régime et un groupe de casseurs qui les ont attaqués à coups de pierres et de gourdins, avant l'intervention des forces de sécurité, selon des témoins. La veille, la répression policière d'une manifestation à Sanaa s'est soldée par trente blessés par balle et un millier d'autres indisposés par l'inhalation de gaz lacrymogène, selon des sources médicales. Des manifestations similaires ont eu lieu dimanche soir à Taëz et Damar au sud de Sanaa, et à Aden, capitale du Sud. Les manifestations quasi-quotidiennes sont animées par de jeunes protestataires qui, soutenus par l'opposition, se disent déterminés à poursuivre leur mouvement jusqu'à la chute du régime. Les monarchies du Golfe, qui s'inquiètent du risque du chaos chez leur voisin, ont tenu deux réunions les 3 et 10 avril et annoncé un plan de sortie de crise dans ce pays pauvre et miné par une rébellion chiite dans le nord et un mouvement sécessionniste dans le Sud, ainsi que par un renforcement d'Al Qaîda. Au terme de la réunion de dimanche, les ministres du CCG ont indiqué dans un communiqué avoir convenu avec la délégation de l'opposition yéménite de «poursuivre à l'avenir le dialogue et les consultations», sans plus de précision. «Un nouveau round de dialogue et de consultations entre les pays du CCG et le gouvernement yéménite aura lieu dans le cadre des principes» contenus dans le plan de sortie de crise, ajoute laconiquement le communiqué sans avancer de date. «La réunion de dimanche marque l'amorce d'un processus et non sa fin. Ce processus conduira finalement à une transition de pouvoir», a déclaré à des journalistes le ministre yéménite des Affaires étrangères, Abou Bakr al-Kourbi, présent à Manama pour une conférence sur la piraterie. Pour tenter de rapprocher les deux parties, des diplomates américains et européens avaient eu des contacts avec le Forum commun ces derniers jours à Sanaa, selon un diplomate occidental qui a requis l'anonymat.