MOSCOU - La France a informé l'Otan et le Conseil de sécurité de l'ONU de ses livraisons d'armes aux rebelles en Libye, a déclaré vendredi le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, lors d'une visite à Moscou. "Nous nous situons exactement dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité" de l'ONU, a estimé le ministre, interrogé sur les critiques russes au sujet de ces livraisons d'armes. "Nous avons informé le Conseil de sécurité et nos partenaires de l'Otan", a-t-il ajouté, alors qu'on lui demandait si la France avait pris cette décision unilatéralement ou en consultant ses partenaires. "Nous avons sur ce point des divergences (avec la Russie), cela ne nous empêche pas de travailler ensemble", a poursuivi M. Juppé. Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov s'est montré critique au sujet des largages d'armes françaises à la rébellion luttant contre le régime de Mouammar Kadhafi, dénonçant les différentes "interprétations" de la résolution de l'ONU autorisant le recours à la force pour protéger la population civile. "Actuellement, une situation très désagréable existe, (les résolutions sur la Libye) peuvent être interprétées n'importe comment", a-t-il relevé. "Alain Juppé a répondu à ma question, et sa réponse était que, dans la résolution 1973, il y a un paragraphe 4 qui permet à n'importe qui de faire n'importe quoi et pour n'importe quelle raison", a ironisé Sergueï Lavrov. Le résolution autorise le recours à la force pour faire respecter une zone d'interdiction de vol afin d'empêcher des attaques aériennes visant les civils. "Les Etats membres concernés devront informer immédiatement le Secrétaire général de l'ONU et le Secrétaire général de la Ligue des Etats arabes (...) sur les mesures prises a cet effet", est-il inscrit dans le paragraphe 4 critiqué par M. Lavrov. Le chef de la diplomatie française Alain Juppé a par ailleurs assuré vendredi, à l'antenne de la radio France Inter, que Paris n'avait livré que des "armes d'autodéfense" aux rebelles. Paris avait confirmé jeudi une information du quotidien Le Figaro qui révélait que la France avait livré des armes aux rebelles libyens. L'état-major des armées françaises a expliqué avoir parachuté des armes légères, c'est-à-dire des armes individuelles, "fusils-mitrailleurs, lance-roquettes", mais démenti la livraison de missiles anti-chars. Sur le dossier de la répression de la contestation en Syrie, la France et la Russie ont campé sur leur désaccord, Paris jugeant une résolution de l'ONU nécessaire et Moscou continuant de s'y opposer. "Le Conseil de sécurité ne peut pas ne pas s'exprimer sur la situation pour appeler à une cessation des violences en Syrie", a jugé M. Juppé. Sergueï Lavrov a défendu une position radicalement opposée: "Pour le moment, au Conseil de sécurité, il n'y a aucune urgence sur la nécessité d'adopter un projet de résolution sur la Syrie".