Les affrontements et les pilonnages sont devenus le lot quotidien de la Libye, alors que la diplomatie semble aphone devant le bruit des armes. Misrata, grande ville côtière de l'ouest de la Libye tenue par les insurgés, reste le théâtre d'intenses combats. Les insurgés avancent depuis cette localité stratégique vers l'Ouest, grignotant des kilomètres qu'ils pourraient perdre dans les jours suivants. Nouveauté dans ce conflit : les troupes de Kadhafi sont accusées d'utiliser des bombes à sous-munitions. L'accusation est confirmée par l'ONG Human Rights Watch. Tripoli dément. Les sous-munitions contenues dans les armes à fragmentation sont susceptibles d'exploser quelques jours après leur largage, de tuer et de mutiler des civils. Depuis 2010, une convention internationale interdit ce genre d'armement. Mais dans le bruit assourdissant des armes, y a-t-il une place pour le droit ? A Misrata, assiégée depuis près de deux mois, les affrontements entre les forces de Kadhafi et les insurgés font rage et les pilonnages se poursuivent. Les bombardements de l'Otan continuent. Dans l'Est, la ville stratégique d'Ajdabiya est au centre d'une bataille acharnée. Les insurgés affirment contrôler une zone de plusieurs kilomètres au-delà de ce point dans le désert, le long de la route côtière menant à la ville pétrolière de Brega, 80 km à l'ouest. Les avions de l'Otan ont intensifié leur activité dans cette zone. Insurgés et loyalistes se disputent depuis des jours Ajdabiya. Cette ville située à 160 km au sud de Benghazi demeure un nœud de communication stratégique. De hauts responsables américains et de l'Alliance atlantique ont affirmé que les forces de l'Otan se trouvent à court de bombes de précision et d'autres types de munitions. L'information est rapportée par le Washington Post. Le journal américain souligne que ce surprenant constat met en lumière les limites du Royaume-Uni, de la France et des autres pays européens à mener dans la durée une opération militaire de ce type. L'Otan a pris, le 31 mars dernier, les rênes des opérations militaires entamées le 19 mars par une coalition composée des Etats-Unis, de la France et du Royaume-Uni. Ces derniers se sont appuyés sur la résolution 1973 du Conseil de sécurité pour user des armes en Libye. De leur côté, les Etats-Unis refusent toujours de revenir en première ligne en Libye, après avoir retiré leurs avions de combat. Seuls six des vingt-huit Etats membres de l'Otan participent actuellement aux raids en Libye. Dans une tribune commune publiée vendredi dans quatre quotidiens, le président américain Barack Obama, le Premier ministre britannique David Cameron et le président français Nicolas Sarkozy ont estimé qu'il est «impossible d'imaginer que la Libye ait un avenir avec Kadhafi». Cette prise de position des trois puissances augure de plans d'action plus prononcés. Les puissances occidentales semblent prêtes à sortir de la résolution 1973 de l'ONU sur la Libye. «Nul besoin d'une nouvelle résolution» pour pousser Kadhafi au départ, déclare le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé. Moscou estime que l'Otan outrepassait le mandat de l'ONU. M. B.