Dans notre sphère géopolitique, elles ne font pas le dos rond et ne ressentent surtout pas cette épée de Damoclès suspendue sur les Tunisiennes ou les Egyptiennes. Dans ces deux pays, la crainte pour leurs droits, voire leurs libertés élémentaires, est l'une des conséquences des victoires de mouvements fondamentalistes. L'Algérie à qui on reprocha longtemps un code de la famille qui dit-on avait réduit la femme à un sous être, conforte plutôt des acquis. Longtemps considéré comme « le dernier de la classe », notre pays est en train de consacrer davantage le rôle et les droits des femmes. S'il existe encore des esprits bornés qui veulent et - s'en cachent peu - de remettre en cause son droit au travail, voire à l'instruction, elle a pu s'imposer dans divers secteurs au point que de larges secteurs de la vie sociale (éducation, santé, justice ...) sont largement féminisés. On a désormais même des « mourchidate » qui portent la bonne parole en lieu et place des vénérables cheikhs d'antan. Certes, la situation reste fragile. Des femmes ne se font-elles les porte-voix des discriminations et d'une lecture restrictive des textes religieux ? La valorisation du rôle traditionnel de la femme qui s'occuperait exclusivement du foyer trouve écho en premier lieu chez de jeunes concitoyennes. APPROCHE PROGRESSIVE Le paradoxe est là. C'est un Etat à qui il fut longtemps reproché d'avoir édicté un code perçu comme base et source d'inégalités et de restrictions qui, en dernière instance, s'affiche aussi comme le rempart contre la résurgence des courants attentatoires aux droits de la moitié de la société. Aucune réglementation ou loi ne sont venues remettre en cause le droit au travail qui reste la voie royale de l'émancipation. Mieux, depuis 2005, la filiation maternelle qui fut longtemps source de tracas a été reconnue. Le législateur algérien a opté pour une politique qui, sans tambour battant, a inscrit d'abord dans les textes de la République les droits des femmes avant de corriger dans une approche progressive les problèmes qui naissent de leur application. Ainsi, le Code de la famille, source d'injustice et de hogra, a été remanié. L'Algérie a ratifié en 1999 la Cedaw convention internationale qui prône l'élimination de toute forme de discrimination à l'égard des femmes. Elle a certes, adapté sa législation. Même si les règles en matière de mariage ou de successions, qui s'inspirent de l'Islam, paraissent figées. La révision a touché également ces matières, car le tuteur ou « wali » peut être choisi par la femme. Certaines dispositions du rite malékite en matière d'héritage, qui pénalisent même les hommes ont été abandonnées depuis 1984. Les amendements de février 2005, dont l'un stipule « qu'en cas de divorce, il incombe au père d'assurer, pour l'exercice de la garde, à la bénéficiaire du droit de garde, un logement décent ou à défaut un foyer », est une autre véritable avancée qui met fin à des injustices qui fragilisent femmes et enfants. Au moment où chez nos voisins naguère jalousés et cité sen exemple, les femmes tremblent, les Algériennes s'apprêtent à investir plus nombreuses le Parlement. Il ne sera pas la seule tribune pour asseoir une véritable égalité, défendre les droits des femmes. Il faut nécessairement un relais dans la société où le mouvement des femmes marque le pas ces dernières années.