Les chefs d'entreprise veulent s'unir pour former une sorte de confédération du patronat algérien, composée des organisations existantes, qui sera le seul interlocuteur du gouvernement. Tel a été l'appel lancé jeudi à Alger par des chefs d'entreprise lors du symposium organisé par le Forum des chefs d'entreprise (FCE), sous le thème « De l'urgence d'une nouvelle économie moins dépendante des hydrocarbures ». Dans ce sens, le patron du Groupe Cevital, Issad Rebrab, a appelé le patronat « à s'unifier et s'associer avec d'autres associations professionnelles pour être écouté en délégant 10 ou 15 personnes pour élaborer une plate-forme qui sera portée là où il le faut et aller dans l'action concrètement ». Sur la règle de répartition du capital 51/49 appliquée au partenariat avec les étrangers, le FCE a appelé à son abandon hormis pour « les branches et filières considérées comme stratégiques où la partie algérienne est obligatoirement majoritaire tels l'énergie, les hydrocarbures, les TIC, l'eau, les banques, les assurances, les transports ». Le Forum propose aussi « de privilégier la négociation pour tout investissement où le partenariat est souhaité ». Cette proposition a été faite parmi une cinquantaine d'autres pour sortir l'économie mais surtout le secteur privé de « l'impasse », selon les intervenants. Il s'agit aussi de lancer une politique de champions économiques, à l'image de l'unique Groupe existant, en l'occurrence Cevital, car, selon certains intervenants, il est le seul à répondre aux critères. Mieux, le patronat demande la création d'une banque d'investissement dont le capital sera équivalent à 10 milliards de dollars ouvert à l'actionnariat privé comme il recommande l'octroi gratuit du foncier et la réservation des marchés publics dont les montant n'excédant pas 30 millions de dinars pour les services, 150 millions DA pour les fournitures et 200 millions DA pour les travaux, aux entreprises nationales. En outre, les patrons réclament le rétablissement du crédit à la consommation. LE SCEPTICISME DU PDG DE NCA En matière d'exportations, le FCE recommande de « fixer un objectif de 10 milliards de dollars à atteindre dans cinq à sept ans et de 20 milliards de dollars dans 10 à 12 ans en réformant le système de régulation et d'encouragement à l'exportation ». En somme, l'Etat doit mettre encore la main à la poche. La lutte contre l'informel est l'autre chantier sur lequel l'Etat devra consentir d'autres efforts et mesures tels que « relever le plafond du chiffre d'affaires des entreprises et activités soumises à l'impôt unique forfaitaire (IUF) à 30 millions DA ». En matière de financement, la recommandation porte sur le changement de la valeur faciale de la monnaie de un DA nouveau pour 100 DA anciens, de relever le taux de rémunération des dépôts, de favoriser les prêts à long terme pour les projets d'investissement à maturation lente, de moderniser le régime des changes, de dynamiser la Bourse d'Alger par un programme et de revoir le fonctionnement des chambres de commerce. Enfin, le FCE propose une série d'exonérations fiscales, voire une amnistie, et de lutter contre la bureaucratie en optant pour un méga ministère de l'Economie. Mais pour le PDG de NCA Rouiba, Slim Othmani, ce n'est pas avec ces 50 recommandations que le problème sera résolu, car, selon lui, « chacun a son réseau de relations propre pour ses affaires » en ajoutant qu'« il ne faut pas se faire d'illusions ». De son côté, Mohamed Seghir Babès, président du CNES (Conseil national économique et social) a rappelé la tenue des états généraux de la société civile en présence du patronat dont le premier atelier s'est intitulé « pour un nouveau régime de croissance économique ». Dans ce sens, dira-t-il, « le Chef de l'Etat est en train d'élaborer une feuille de route ». Or, selon certains experts et chefs d'entreprise présents, c'est l'entreprise qui devra être au cœur de la croissance et en être le moteur.