Le mot est lâché par le président du Front national algérien (FNA) avant-hier lors d'une conférence de presse : les places sur les listes électorales se vendent à coups de millions. Son parti a établi un barème en fonction de l'importance de wilayas de candidature et du rang du candidat dans la liste. Ainsi, la somme exigée des postulants à la députation varie entre 100 et 500 millions de centimes, a précisé Moussa Touati. Par cette sortie médiatique, le patron du FNA n'a, certes, fait que confirmer ce que certaines parties ne cessaient de dénoncer : le mariage de l'argent et de la politique. L'achat de places pour figurer sur les listes électorales est un fait jugé gravissime par des partis politiques. Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) rejette dans le fond et dans la forme cette pratique qu'il qualifie « d'insulte pour le député et l'exercice de la politique dans notre pays », selon le mot de Kamel Mida, son chargé de communication. Et d'interpeller les ministères de l'Intérieur et de la Justice pour diligenter une enquête afin de faire toute la lumière. M. Mida estime que c'est un comportement à bannir des mœurs politiques, et ce, quelle que soit la nature des arguments avancés par certains partis justifiant leur recours à cette pratique. Pour lui, les choses sont claires, « les partis ne doivent compter que sur les cotisations de leurs militants au lieu de placer les listes électorales à la merci des plus offrants », estime M. Mida. Tout en soulignant que chaque parti est libre d'organiser, comme bon lui semble, sa campagne, le Parti des travailleurs a estimé « indispensable » de séparer le monde politique de celui des finances. Karim Labchiri, membre de la direction de la formation de Louiza Hanoune, regrette que les voix des Algériens se vendent et s'achètent à coups de millions. Il a rappelé que son parti a été le premier à sensibiliser la classe politique sur l'impérieuse nécessité de mettre le holà à ce « procédé » à travers l'introduction à l'APN d'un texte coupant toute jonction possible entre l'argent et la politique. « Notre requête a été avortée par les députés », a-t-il regretté. Mustapha Boudina, président du Mouvement des citoyens libres (MCL), a souligné que son parti, qui milite pour une démocratie réelle, ne pourra qu'être contre le recours « aux sacs d'argent pour figurer sur les listes électorales ». Cependant, selon lui, l'erreur des autorités reste incontestablement la privation des nouveaux partis des aides financières. Pour ce qui est de la manière avec laquelle sont établies les listes électorales au sein de sa formation, M. Boudina a indiqué que ce sont les adhérents, eux-mêmes, qui choisissent leurs représentants. « La chkara ne doit pas imposer son diktat aux dépens du militantisme et de la compétence », observe-t-il. Abdelaziz Mansour, porte-parole du Front pour le changement, abonde dans le même sens jugeant cette pratique indigne, qui « n'honore en aucun cas le Parlement ». Pour lui, il faut impérativement que l'Etat intervienne pour mettre fin à ce genre d'agissements qui portent atteinte à la politique dans notre pays. « Quel sens aura le prochain Parlement s'il est composé d'affairistes ? », s'interroge-t-il.