Les chevaux mythologiques de Diar El Mahçoul blotis dans une splendide cuvette continue de hennir sur leur glorieux passé. Ils sont arrivés il y a plus de cinquante ans sur la placette de la cité confort au Clos Salembier. L'architecte Pouillon y est pour quelque chose dans ce déplacement à travers les âges. Leur fixation dans cette cité calcaireuse était trempée dans le fameux design méditerranéen propre au cités grecques antiques. Poseidon, Jupiter, et Eole étaient de la partie, derrière ces bêtes hybrides à queue de poisson. Une véritable fresque hellenique qui a bravé toutes les turbulences. Aurjoud'hui, leur présence face au palais des Rais, avec un très beaux lifting marbré tranche résolument avec la pierre qui pleure. Le quartier de Bab El Oued les a adopté avec leur nouvelles crinières. On n'a pas assez dit sur ces bêtes moulées dans la pierre bleue. Ils incarnent un passé de la tragédie grecque venue soudainement et par ironie, titiller l'Histoire qui se répète. C'était juste après le déclenchement de la lutte armée que la cité de Diar El Mahçoul fut construite avec ses chevaux en prime. Dans le quartier européen, l'architecte français a mis en avant cette cavalerie mythique pour faire jaser la population indigène qui avait à l'époque, juste le droit d'habiter la cité dite «évolutive» où tronait un décor en mosaïque sur des fontaines publiques. Dans leur fameuse posture cabrée, il y a même la sacré murène, symbole de la trahison qui veille au compte-goutte au perpétuel jet d'eau émanant des narines de chevaux. Tout un enchevêtrement dans cette reflexion figée. En pleine bataille d'Alger, les chevaux de Diar El Mahçoul affichaient complet sur le belvédère surplombant Belcourt. Ces bêtes iconiques ont réussi toutefois à traverser les âges, pour marquer à leur tour, un droit de cité sur la terre d'Icosium. On leur doit une fière chandelle pour avoir résisté aux nombreuses tentatives de dynamitage par l'OAS. Aujourd'hui, l'histoire et l'art leur reconnaissent cette appartenance devenue légendaire. Ils ont appris à grandir et devenir figures à part entière, du patrimoine national et universel. Ils ont résisté aux aléas du temps, à l'usure, pour enfin retrouver une nouvelle fougue qui les met en symbiose avec l'Histoire. Ils seront toujours là, pour nous raconter la grande chevauchée fantastique dans le bassin méditerranéen où le mythe et le rêve se croisent avec les douze travaux d'Hercule. Il y a longtemps de ça, les chevaux en pierre avaient choisi de venir élire domicile dans la ville pour perpétuer la mythologie grecque. Au travers des siècles, ces bêtes sorties tout droit de l'imaginaire ont réussi à s'imposer sur une terre qui ne leur est pas inconnue.