Lakhdari, un des plus anciens des patients du psychiatre, qui deviendra plus tard son secrétaire particulier, ne cesse de sangloter depuis la terrible nouvelle. « Mon père est mort, mon père est mort », ne cesse de clamer celui qui n'a jamais connu d'autres endroits pour vivre que l'hôpital psychiatrique de Frantz-Fanon. Le professeur était tout pour lui. Il n'est pas le seul à le regretter. « Le premier et le dernier pilier de la psychiatrie algérienne. Pour nous, c'est une très grande perte car il incarnait l'esprit de Fanon. Sa raison de vivre était la prise en charge des malades mentaux », témoigne le psychiatre Nabil Souilamas, un des spécialistes qui a passé 34 années de service avec le professeur Ridouh. Autre témoignage, celui de M. Tabèche, directeur de l'hôpital Frantz-Fanon. « Le professeur Ridouh est parti sans réaliser son vœu qu consiste à de récupérer la salle de la bibliothèque pour relancer la spécialité de l'ergothérapie ou la sociothérapie par laquelle les malades peuvent organiser des fêtes et des soirées musicales comme cela se faisait par le passé », regrette-il. « La psychiatrie, on s'y attache », a toujours répondu Ridouh à ceux qui l'interrogeaient sur sa profession. « Il est venu à Blida, en 1967, envoyé par le divisionnaire de la santé d'Alger à l'époque, après la fin de ses études. Depuis, il n'est jamais parti. Pourtant il a toujours souhaité travailler dans un bloc opératoire, car il a toujours caressé le rêve de devenir chirurgien », souligne M. Tabèche. Hier, les professeurs en psychiatrie et autres professionnels de la santé se sont regroupés devant la maison du défunt dans l'enceinte de l'hôpital pour l'accompagner à sa dernière demeure, au cimetière d'El-Kettar. Le professeur Ridouh est né à Bab El Oued à Alger en 1942. Il était professeur en psychiatrie, médecin légiste, criminologue et responsable du service de psychiatrie légal au CHU Frantz-Fanon de Blida. Il a écrit plusieurs ouvrages dont celui ayant pour titre « La dynamique Boudiaf, la mécanique Boumaârafi », qui est une analyse psychiatrique de l'assassin du Président Boudiaf, Lambarek Boumaârafi.