Ses paroles ont fait tilt ! A des milliers de kilomètres de l'Algérie, alors qu'elle était interrogée sur son militantisme indépendantiste par le journaliste, la femme de l'île a parlé de notre lutte de libération faisant référence à la période coloniale en Algérie et à la présence française en Polynésie. A l'approche du cinquantième anniversaire de l'indépendance, elle a eu une pensée pour le peuple algérien et sa lutte. Elle s'est exprimée, n'a pas mâché ses mots sur les traitements subis durant 132 ans par les Algériens et tout ce que cela comporte de chauvinisme et de discrimination. Un état de fait se prolongeant aujourd'hui « chez elle » et dont elle dira, faisant référence à nombre de similitudes entre la Polynésie et l'Algérie, sur l'enseignement de la langue étrangère en remplacement des langues originelles par une langue « blanche » : « Vouloir nous imposer une langue qui comprime notre expression comme des souliers trop petits, une langue que notre esprit comprend à laquelle nos entrailles restent sourdes. Vouloir taire notre langue, nos langues naturelles qui nous identifient, nous donnent notre authenticité, nous enracinent dans la communauté, nous relient les uns aux autres, nous font ce que nous sommes. Ces langues qui depuis toujours marquent notre appartenance à cette terre ...utérines maternelles collectives éternelles... » Le premier ouvrage de Chantal Spitz « L'île des rêves écrasés » paru en 1991, a suscité de l'admiration et des critiques. Deux notes de lecture ont mis en exergue la naissance de la littérature polynésienne grâce à cette femme qui assume ses dires et son écriture, la première dit ceci : « Enfin un roman polynésien ! ...un langage « maohi » à la sensualité poétique qui nous rappelle que notre « pito » nous rattache à la Terre mère. Chantal Spitz nous emmène à la découverte de l'âme maohi en recherche de son identité et de sa culture noyées par l'apport « papa ». Cette œuvre forte et violente, vibrante de sensibilité, va trouver une place d'honneur dans la liste des livres écrits sur la Polynésie. Un roman enrichissant et captivant ». La seconde et non moins admirative rappelle que « La démarche de Chantal m'a émue, dans la mesure où elle est solitaire. L'écriture est toujours un parcours solitaire, me dira-t-on. Certes oui. Mais c'est avant tout une réponse qu'elle se donne à elle-même, dans une démarche personnelle, menée dans la solitude et le doute, et qui voit aujourd'hui un premier aboutissement ... comme un enfantement. » Chantal Spitz a également publié « Hombo : transcription d'une biographie », « Où en sommes-nous cent ans après la question posée par Gauguin "D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?" », « Pensées insolentes et inutiles », « Elles ; Terre d'enfance. Pleine de richesses et de partage, la rencontre virtuelle avec Chantal Spitz en attendant qu'elle soit possible.