Bien qu'elle soit de toutes les saisons, la poésie a toujours privilégié le printemps. Quoi de plus évident : les fleurs, les amours, les splendeurs de la nature et l'épanchement généralisé ! C'est l'Institut culturel italien qui a ouvert cette fois le bal en invitant Paolo Guzzi, considéré comme l'un des meilleurs poètes italiens contemporains. Né à Rome en 1940, également critique de théâtre et traducteur, sa poésie est traduite en six langues. Dimanche 18 mars, à la Bibliothèque nationale, il a fait découvrir diverses facettes de son écriture, moderne par sa vision presque cinématographique du monde, narrative aussi, car elle s'appuie beaucoup sur les pérégrinations de l'auteur au bout du monde ou dans la rue voisine. Ainsi dans Ulysse, il écrit : « Le mirage de l'île lointaine/Continue maintenant, par le voyage aux îles heureuses, /Polynésie rêvée où, morts, Gauguin et Jacques Brel, /Les cocotiers résonnent de la voix grêle de Marlon Brando. /Notre Ithaque est là, mais nous en voulons encore… ». Son inspiration ne dédaigne pas l'humour et, dans Paris, c'est cher (qui le contredirait ?), il s'amuse à écrire : « Voyez-vous, des fantasmes existent encore/ Dans les vitrines des libraires à la Sorbonne ». Deux jours plus tard, au même lieu, ce fut au tour du professeur et critique Aldo Mastropasqua de présenter Umberto Saba, l'un des plus grands poètes italiens du XXe siècle. De la péninsule méditerranéenne aux rives du Rhin, le raccourci a eu lieu lundi à la galerie Arts en liberté en collaboration avec le Goethe Institut, où des textes de Goethe ont été dits par H.J. Kaspar, montrant avec quelle délicatesse et profondeur l'incarnation de l'âme littéraire allemande a pris une dimension universelle. Le souvenir de Mouloud Kassim, qui a été un connaisseur et un admirateur passionné du grand homme de lettres, a dû planer près de Vieux Kouba… Par ailleurs, le Centre culturel français d'Alger organise un Printemps des Poètes avec Samira Negrouche, Pascal Boulanger, Albane Gellé, Youcef Merahi, Roland Reutenauer, Isabelle Pinçon, Miloud Hakim et Abderrahmane Djelfaoui. Ce printemps de cinq journées éclora le dimanche 25 mars avec une lecture mise en espace par l'artiste Omar Meziani (16h 30) et le spectacle Encore plus demain, mis en scène par Arno Chéron sur des textes d'Isabelle Pinçon (19h). L'événement est organisé avec l'Espace Noun, Arts en liberté, les librairies Point-Virgule et du Tiers-Monde. Rencontres poétiques les 27 et 28 dans ces lieux et, auparavant, les 26 et 27 au CCF (17h 30). En clôture, place à la réflexion le jeudi 29 mars avec, en après-midi, la conférence du psychanalyste Joël Clerget intitulée « Je, qui est-il en poésie ? ». En outre, Bouira, qui renoue timidement avec une vie culturelle, accueille depuis le 18 jusqu'à aujourd'hui le 6e Festival de poésie destiné aux lycéens de tout le pays. Qui sait ? De ces poètes en herbe, en vacances scolaires au pied du Djurdjura, sortira peut-être un Djamel Amrani ou un Moufdi Zakaria, évadé des récitations rébarbatives ? Sinon, les vacances sont déjà de la poésie.